En France, 3,3 millions de personnes sont traitées pour un diabète, et 400 nouveaux cas sont dépistés chaque jour. La prise en charge de cette maladie implique différents professionnels de santé, dont le pharmacien. Quel rôle exerce ce dernier auprès des patients ? A-t-il un impact sur le contrôle de la maladie ? Une récente étude s’est penchée sur ces questions.
Le contrôle du diabète
Le diabète est l’une des maladies chroniques les plus répandues dans les pays occidentaux. Le diabète de type 2 en particulier est en constante augmentation depuis quelques années, défini comme une véritable « épidémie » par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Le diabète évolue lentement et est susceptible d’entraîner, à moyen – long terme, des complications graves, neurologiques (pied diabétique), vasculaires (rétinopathie diabétique, athérosclérose , rénales (néphropathie diabétique), etc. Le contrôle de la maladie implique le maintien de la glycémie (taux de glucose dans le sang) dans des valeurs proches de la normale, pour réduire les symptômes de la maladie et prévenir la survenue des complications.
La prise en charge des patients diabétiques s’articule, non seulement sur un traitement médicamenteux (anti-diabétiques et/ou insuline), mais aussi sur un accompagnement adapté et personnalisé des malades, au travers notamment :
- D’un suivi nutritionnel ;
- D’une surveillance médicale régulière, assurée par une équipe pluridisciplinaire ;
- De programmes d’éducation thérapeutique du patient.
Diabète et pharmacien
Jusque-là, le pharmacien était peu intégré à cette prise en charge, alors qu’il est le professionnel de santé que le patient rencontre le plus souvent (au moins une fois par mois). En effet, il intervient dans tous les moments importants de la vie d’un diabétique :
- Pour le dépistage, parfois organisé au sein des pharmacies d’officine ;
- Pour choisir et expliquer le fonctionnement des lecteurs de glycémie ;
- Lors de la prescription ou du renouvellement des ordonnances ;
- A chaque étape de l’évolution de la maladie, qui nécessite des changements ou des nouveaux traitements.
Depuis la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires de 2009, les pharmaciens se sont vus confier de nouvelles missions. Parmi elles, l’accompagnement personnalisé des patients, au moyen d’entretiens pharmaceutiques, individuels et réguliers, est destiné à améliorer la prise en charge des maladies chroniques.
Les pharmaciens effectuent d’ores et déjà ces entretiens pour les personnes traitées par certains médicaments anticoagulants (les anti-vitamines K) et les patients asthmatiques. Prochainement, cette mission devrait s’élargir à d’autres maladies chroniques, comme le diabète. Que peut-attendre le patient diabétique de ce nouveau suivi ? Une récente étude, présentée au salon Pharmagoraplus en mars 2017, met en évidence l’intérêt de cet accompagnement dans le contrôle du diabète.
L’intérêt du suivi pharmaceutique pour le patient diabétique
L’étude DiabPharmObserv a évalué l’intérêt de la démarche d’éducation des patients par les pharmaciens sur la pratique et la régularité de l’auto-surveillance glycémique. Au total, 14 pharmaciens d’officine des Hauts-de-France ont été spécifiquement formés à l’accompagnement des patients diabétiques et 55 patients ont bénéficié d’un entretien individuel réalisé à l’officine par l’un des pharmaciens formés, à l’aide d’outils pédagogiques adaptés (carnet d’auto-surveillance, livre de recettes, réglette de glycémie, …).
A savoir ! L’auto-surveillance glycémique correspond à la mesure de la glycémie réalisée plusieurs fois par jour par le patient, en se piquant le doigt pour prélever une goutte de sang. La glycémie est mesurée par un lecteur de glycémie.
Les résultats de cette étude montrent une satisfaction à la fois des pharmaciens et des patients, et 54 % des malades souhaitent participer à un second entretien. Cette satisfaction s’accompagne d’un réel impact sur le quotidien des patients. Un mois après les entretiens, 6 patients sur 10 notent une amélioration de leurs pratiques (suivi glycémique, comportement alimentaire, activité physique, …) et la moitié affirme mieux comprendre ses résultats de glycémie. Six mois après les entretiens, 54 % d’entre eux ont de meilleurs résultats de glycémie et 71 % constatent une diminution de leur taux d’hémoglobine glyquée (notée HbA1c), qui est le marqueur du suivi glycémique sur les 2 à 3 derniers mois.
Cette étude met en avant l’intérêt pour les patients d’inclure les pharmaciens d’officine dans les programmes d’éducation thérapeutique. La proximité du pharmacien représente un atout pour la relation entre soignant et soigné. La mise en place d’entretiens pharmaceutiques pour les patients diabétiques constituerait une amélioration de leur prise en charge quotidienne et permettrait une réduction des conséquences à long terme de cette maladie.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie
Sources :
Diabète de type 2 : Le patient et son pharmacien, un duo de choix pour faire baisser la glycémie. Communiqué de presse. Maison du diabète et LifeScan. 12 mars 2017.
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