Plus de résistance à l’insuline, moins de résistance au stress

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Rédigé par Julie P. et publié le 20 mai 2018

La résistance à l’insuline, l’hormone hypoglycémiante, est retrouvée chez les patients atteints de diabète de type 2 ou chez les personnes prédiabétiques. Afin d’évaluer certaines conséquences psychologiques de ce dysfonctionnement métabolique, des chercheurs américains ont mené une étude sur 331 adultes. Contre toutes attentes, ces travaux publiés dans la revue Psychosomatic Medicine montrent que la résistance à l’insuline provoque une moins bonne gestion du stress. Zoom sur les résultats.

Illustration représentant un compteur de stress

Résistance à l’insuline et conséquences sur l’émotivité

Afin de réaliser leurs expériences, les chercheurs de l’université de l’Etat de l’Iowa et de l’université du Wisconsin-Madison ont réuni 331 adultes suivis médicalement pour cause de diabète de type 2 ou présentant un prédiabète.

À savoir ! Le prédiabète se caractérise par une glycémie plus élevée que la normale, mais pas suffisamment pour établir un diagnostic du diabète. Il s’agit d’un signal d’alarme. Les personnes prédiabétiques sont à risque de développer le diabète de type 2 à court terme si elles possèdent d’autres facteurs de risque que sont l’âge, le surpoids ou l’obésité, les mauvaises habitudes alimentaires, la sédentarité ou l’hypertension artérielle.

Ils leur ont fait visionner des images positives, négatives ou neutres tout en mesurant leurs clignements oculaires.

Plus le clignement des yeux était intense en regardant une image négative, plus la réactivité au stress était forte.

Ensuite, ils ont mesuré grâce à un ECG (électroencéphalographe) l’activité cérébrale, au repos, de ces volontaires. L’équipe de chercheurs a mis en évidence, chez certains volontaires, une asymétrie de certaines zones frontales du cerveau. Plus cette asymétrie était importante, plus le participant à l’étude était prédisposé à ressentir des affects négatifs ou à souffrir d’une dépression.

Enfin, les chercheurs ont mesuré leur cortisol urinaire, leur glycémie à jeun et leur taux d’insuline.

À savoir ! Le cortisol est communément appelé l’hormone du stress et est secrété par la partie externe des glandes surrénales. Elle augmente la glycémie par le biais de la néoglucogenèse, inhibe certaines réponses immunitaires, régule le métabolisme des lipides, protéines et glucides et agit sur le cycle circadien.

Après avoir réuni et analysé cet ensemble de données, les chercheurs mettent en évidence que :

  • Les individus avec un taux d’insuline important avaient une réponse aux stimulus négatifs beaucoup plus intense que pour les stimulus positifs ;
  • L’hyperglycémie favorisait une asymétrie frontale droite dans le cerveau et des performances cognitives plus faibles ;
  • Le taux de cortisol était dérégulé chez les personnes présentant une hyperglycémie.

Prendre en compte la gestion du stress chez les personnes diabétiques et prédiabétiques

Globalement, ces résultats suggèrent que la résistance à l’insuline est associée à :

  • Une réactivité émotionnelle accrue ;
  • Une prédisposition à l’affect négatif et à des déficits cognitifs spécifiques.

« Les personnes ayant des niveaux plus élevés de résistance à l’insuline ont été plus surpris par les images négatives. Par extension, ils peuvent être plus réactifs aux choses négatives de la vie. Cette étude prouve que ces problèmes métaboliques sont liés à la manière dont nous percevons et traitons des choses qui nous stressent tous » souligne Auriel Willette qui a supervisé ces travaux.

Pour Tovah Wolf qui a réalisé cette étude : « Pour les personnes ayant des problèmes de glycémie, être plus stressé et réactif peut faire grimper le taux de sucre dans le sang. Les réactions négatives face aux événements stressants peuvent mener à une qualité de vie diminuée et créer un cercle vicieux qui rend difficile l’accès à une bonne santé ».

Pour les personnes prédiabétiques et diabétiques, cette étude est une nouvelle chance pour remettre la question du stress, et par extension celle du bien-être psychologique, au cœur de leur suivi thérapeutique.

Julie P., Journaliste scientifique

– Insulin resistance may increase responses to stress. Diabete.co.uk. B.Jephcote. Consulté le 15 mai 2018.
– Neural, Hormonal, and Cognitive Correlates of Metabolic Dysfunction and Emotional Reactivity. . Psychosomatic Medicine. T.Wolf et al. Consulté le 15 mai 2018.

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