Face à l’essor constant des diabètes sucrés dans le monde, les équipes de recherche se mobilisent pour développer de nouvelles stratégies thérapeutiques contre ces maladies chroniques. Parmi les pistes étudiées récemment, figure le microbiote intestinal, de plus en plus mis en avant pour son rôle déterminant dans le bon fonctionnement de l’organisme.
Diabète et microbiote intestinal
Le diabète en France représente plusieurs millions de malades. Sans traitement curatif à l’heure actuelle (en dehors des rares greffes de pancréas), les diabètes sucrés exposent les patients à des risques de complications graves à moyen et long termes.
La recherche de nouveaux traitements antidiabétiques représente un enjeu majeur de santé publique, en France et dans le monde. Les causes du diabète sont multiples et impliquent :
- Des facteurs génétiques (l’atteinte de plusieurs gènes) ;
- Des facteurs environnementaux ;
- La composition du microbiote intestinal.
Le microbiote intestinal fait actuellement l’objet de nombreuses études pour son implication dans le bon fonctionnement de l’organisme comme dans le développement de différentes maladies.
Le 4-crésol, un métabolite protecteur contre le diabète
Certaines compositions altérées du microbiote intestinal ont pu être mises en évidence chez les patients diabétiques, suggérant un lien entre le microbiote intestinal et la maladie diabétique. Pour aller plus loin, des chercheurs français, japonais et canadiens ont collaboré pour mettre en évidence une association entre le diabète et un composé organique produit par le microbiote intestinal, le 4-crésol.
Dans un premier temps, les chercheurs ont cherché à identifier tous les métabolites présents dans les échantillons sanguins de 148 adultes, dont certains étaient diabétiques. En comparant les métabolites présents chez les sujets diabétiques et chez les sujets non diabétiques, ils ont découvert que le 4-crésol était retrouvé en quantité plus faible chez les patients diabétiques. Ce composé organique, présent dans certains aliments, est produit dans l’organisme par le microbiote intestinal.
A partir de ces résultats, les chercheurs ont conclu que le 4-crésol pouvait être un marqueur de résistance au diabète. Dans un second temps, ils ont testé les effets du 4-crésol sur des modèles animaux de diabète et d’obésité. Ils ont alors montré que l’administration chronique de faibles quantités de 4-crésol pouvait :
- Améliorer le diabète ;
- Réduire l’obésité ;
- Limiter l’accumulation de graisses dans le foie et l’augmentation de la masse pancréatique ;
- Stimuler la sécrétion d’insuline et la prolifération des cellules béta-pancréatiques.
Le microbiote intestinal pour traiter le diabète
Le diabète sucré se caractérise par un appauvrissement progressif en cellules béta-pancréatiques sécrétrices d’insuline. Le 4-crésol apparaît comme le premier composé capable de stimuler la prolifération de ces cellules, et donc d’agir directement sur le mécanisme pathologique du diabète. Ce composé semble donc prometteur pour développer de nouvelles thérapies contre :
- L’obésité ;
- Le diabète ;
- La stéatose hépatique.
Les chercheurs étudient actuellement la possibilité de moduler le microbiote intestinal pour rétablir la sécrétion normale de 4-crésol chez les patients diabétiques. Leur objectif est d’identifier les bactéries productrices de ce composé, pour mettre au point de nouveaux traitements contre le diabète, par exemple des transferts de microbiote intestinal.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– La flore intestinale livre ses secrets pour développer de nouveaux traitements contre le diabète. INSERM. Consulté le 2 mars 2020.