Comment améliorer le succès des greffes de cellules pancréatiques chez les patients atteints d’un diabète de type 1 ? C’est en voulant répondre à cette question que des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) et des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont réussi à créer des « super îlots » de Langerhans.
La greffe de cellules pancréatiques
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune dans laquelle certaines cellules du pancréas, les cellules béta des îlots de Langerhans, sont détruites par les cellules du système immunitaire de l’organisme. Or, ce sont ces cellules béta qui produisent l’insuline, une hormone qui régule le taux de sucre dans le sang.
La majorité des patients atteints d’un diabète de type 1 réussissent à équilibrer leur diabète avec l’insulinothérapie. Mais une partie d’entre eux n’arrivent pas à stabiliser leur glycémie et ils risquent des hypoglycémies graves pouvant entraîner un coma.
De plus, un diabète non régulé peut induire de graves pathologies rénales, cardiovasculaires, neurologiques, gastroentérologiques et ophtalmologiques.
Pour sauver ces patients souffrant d’une forme sévère de diabète de type 1, la greffe de cellules pancréatiques est souvent le dernier recours. Il s’agit de greffer directement des îlots de Langerhans.
À savoir ! Les îlots de Langerhans sont des cellules endocrines du pancréas regroupées en petits amas. Ils représentent 1 à 2% de la masse du pancréas. Chaque îlot est constitué de quelques cellules à plus de 5000 cellules.
Les îlots sont prélevés dans le pancréas d’un donneur puis réinjectés dans le foie du receveur. Cependant, la greffe est compliquée à mettre en œuvre et une partie importante des cellules transplantées ne survivent pas.
« La procédure est bien maîtrisée – une quinzaine de patients en bénéficient chaque année en Suisse – mais néanmoins complexe. Une bonne partie des îlots meurent en cours de route; il faut donc souvent plusieurs donneurs pour soigner une seule personne et nous manquons cruellement de donneurs » souligne Ekaterine Berishvili qui a dirigé ces travaux.
Des cellules du placenta pour créer des « super îlots » de Langerhans
Pour améliorer le succès de la transplantation d’îlots de Langerhans, les chercheurs genevois ont mis au point de nouveaux îlots plus résistants. Ils ont ajouté aux cellules pancréatiques des cellules épithéliales amniotiques provenant de la paroi de la membrane interne du placenta.
À savoir ! Le placenta est un organe éphémère qui connecte physiquement l’embryon à la paroi utérine.
Après avoir mis au point ces amas cellulaires formant des sphères, les chercheurs les ont transplanté chez des souris diabétiques. Résultats ? Les rongeurs ont rapidement synthétisé de l’insuline.
« Même avec très peu d’amas cellulaires, nos super-îlots se sont très bien adaptés à leur nouvel environnement et se sont rapidement vascularisés. Une bonne vascularisation est en effet l’élément clé de toute transplantation: cela permet d’alimenter le nouvel organe en oxygène et nutriments et garantit leur survie » explique Fanny Lebreton, première auteure de ces travaux.
Pour les chercheurs, les cellules épithéliales amniotiques permettent aux îlots de survivre pour deux raisons. Tout d’abord, elles favorisent l’apport d’oxygène en augmentant la vascularisation des ilots. Et ensuite, ces cellules placentaires limitent les risques de rejet du greffon en diminuant l’activité du système immunitaire du patient receveur.
Des travaux devront être prochainement réalisées sur l’homme pour évaluer l’efficacité de ces super îlots. De plus, cette découverte est très prometteuse pour d’autres types de greffes ou pour la transplantation de cellules souches, des cellules capables de se transformer en plusieurs types de cellules spécialisées.
Julie P., Journaliste scientifique