Diabète : un pancréas bio-artificiel prometteur

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Rédigé par Nadege LB. et publié le 2 février 2017

L’Institut national de Veille Sanitaire estime le nombre de personnes traitées contre le diabète en France à près de 3,3 millions. Traités principalement par insulinothérapie, les patients doivent constamment surveiller leur glycémie. Afin de les soulager de ce traitement lourd, un pancréas bio-artificiel est actuellement en développement. Santé sur le Net fait le point sur ce dispositif innovant.

Pancréas bio artificiel

Le diabète, qu’est-ce que c’est ?

Le diabète est une maladie chronique caractérisée par une hyperglycémie (taux de sucre dans le sang trop élevé) liée à une déficience, soit de la sécrétion de l’insuline, soit de l’action de l’insuline, soit des deux.

A savoir ! L’insuline est une hormone fabriquée par les cellules bêta du pancréas. Présente en permanence dans le sang, son rôle est de maintenir la glycémie (taux de sucre dans le sang) autour de 1g/L lorsque les apports de sucre sont importants. L’insuline est donc une hormone hypoglycémiante.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le nombre de personnes atteintes de diabète est passé de 108 millions en 1980 à 422 millions en 2014 et le nombre de décès directement dus à cette pathologie a été estimé à 1,5 million en 2012. Le diabète est une cause majeure de cécité, d’insuffisance rénale, d’accidents cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux et d’amputations des membres inférieurs.

Il existe deux formes principales de diabète :

  • Le diabète de type 2 ou diabète non insulinodépendant qui est lié à une mauvaise utilisation de l’insuline par l’organisme. Il s’agit de la forme de diabète la plus fréquente (90 % des cas dans le monde) et résulte en grande partie d’une surcharge pondérale et de la sédentarité.
  • Le diabète de type 1 ou diabète insulinodépendant qui est causé par une production insuffisante voire inexistante d’insuline. Cela est provoqué par une réaction anormale du système immunitaire qui détruit les cellules bêta du pancréas. Cette réaction est dite auto-immune et est liée à une prédisposition génétique. Cette réaction pourrait être déclenchée par des événements extérieurs tels que des infections virales, une exposition à des toxines ou encore l’alimentation.

Le diabète de type 1 survient souvent chez les plus jeunes, une fois sur deux avant l’âge de 20 ans. Selon l‘Institut national de Veille Sanitaire, la fréquence du diabète de type 1 était, en 2007 en France, de 15 pour 100 000 enfants et adolescents de moins de quinze ans. Le nombre de personnes atteintes par cette maladie ne cesse d’augmenter à raison de 3 à 4 % par an depuis une vingtaine d’années.

Le traitement du diabète de type 1 repose aujourd’hui sur des injections pluriquotidiennes d’insuline afin de rétablir l’équilibre glycémique et prévenir des complications à long terme. Malgré les pompes à insuline qui peuvent faciliter la vie du patient, l’insulinothérapie est un traitement lourd qui nécessite une éducation thérapeutique : le patient doit mesurer sa glycémie plusieurs fois par jour et adapter les doses d’insuline à injecter.

MailPan®, un pancréas bio-artificiel contre le diabète de type 1

Afin de présenter une alternative aux injections d’insuline pluriquotidiennes, la société Defymed cherche à développer un pancréas bio-artificiel pour les patients atteints de diabète de type 1. Ce dispositif innovant, nommé MailPan® (MAcroencapsulation d’ILots PANcréatiques), se présente sous la forme d’une petite poche destinée à contenir des cellules sécrétrices d’insuline. Cette poche se compose d’une membrane semi-perméable qui laisse passer le glucose, les nutriments, l’oxygène et bien évidemment l’insuline, tout en restant imperméable au système immunitaire pour éviter le rejet des cellules implantées. Ce dispositif est directement implanté dans le corps du patient et serait capable de répondre de façon autonome aux besoins en insuline de l’organisme et ce, pendant plusieurs années.

En ce qui concerne ses caractéristiques de perméabilité, « le dispositif fonctionne », assure Séverine Sigrist, la présidente-fondatrice de Defymed, mais il faut désormais tester sa fiabilité en le « remplissant » avec des cellules capables de secréter de l’insuline. Pour cela, Defymed a récemment annoncé un partenariat avec l’entreprise américaine Semma Therapeutics qui développe des cellules sécrétrices d’insuline dérivées de cellules souches.

A savoir ! Les cellules souches sont des cellules que l’on retrouve dans l’embryon, le fœtus, le sang de cordon ou encore dans divers tissus de l’individu après sa naissance. Elles ont deux propriétés principales :

  • L’auto-renouvèlement : elles se multiplient en donnant de nouvelles cellules souches.
  • La différenciation : sous certaines conditions, elles se transforment en cellules spécialisées comme des cellules de pancréas, de foie, de peau etc.

Ce partenariat entre Defymed et Semma Therapeutics a pour objectif la validation préclinique du pancréas bio-artificiel MailPan® afin de garantir sa sécurité et son efficacité. Pour cela, le dispositif sera d’abord testé in vitro, puis sur un modèle animal. Selon les résultats obtenus, l’essai clinique sur l’Homme pourra alors être envisagé.

Nadège LB., Biologiste


Sources :

Diabète. Institut national de la Veille Sanitaire. Consulté le 19 Janvier 2017.

Aide-mémoire N°312. Diabète. Avril 2016. Organisation Mondiale de la Santé. Consulté le 19 Janvier 2017.

Diabète de type 1. Ameli Santé. Consulté le 19 Janvier 2017.

Diabète de type 1 (DID). Avril 2014. Inserm. Consulté le 19 Janvier 2017.

Site internet de la société Defymed. Consulté le 24 Janvier 2017.

Defymed Enters Partnership with Semma Therapeutic. Communiqué de presse. 12 Décembre 2016.

dna.fr – Diabète : une société obtient des cellules souches pour son projet de « pancréas bio-artificiel ». 13 Décembre 2016.

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