Diabète de type 2 : mieux comprendre la genèse de l’inflammation chronique

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Rédigé par Julie P. et publié le 7 septembre 2019

Plus de 3,3 millions de personnes en France suivent un traitement médical pour stabiliser leur diabète de type 2. Lorsque la glycémie dépasse la normale, de nombreux processus inflammatoires se mettent en place au niveau de l’organisme. Une récente étude américaine vient remettre en cause l’idée avançant que seul le glucose est responsable de ces inflammations. Focus sur cette étude très prometteuse publiée dans la revue Cell Metabolism.

Une chercheuse

 Le processus inflammatoire dans le diabète

Problème de circulation et cardiaques, amputations, problèmes oculaires, insuffisances rénales… le diabète de type 2, et notamment l’excès de sucre dans le sang, entraîne une inflammation chronique des cellules qui peut engendrer de graves problèmes de santé.

Jusqu’ici, les scientifiques pensaient que le taux de sucre dans le sang (la glycémie) non contrôlé était le facteur principal induisant une inflammation chronique des cellules immunitaires, les cellules de défense de l’organisme. Plus précisément, ils pensaient que c’était exclusivement la glycolyse, le processus de dégradation du glucose dans les cellules, qui stimulait l’inflammation des cellules immunitaires.

En effet, le diabète est considéré comme une maladie inflammatoire dans laquelle il est indispensable de contrôler strictement sa glycémie par des traitements médicamenteux et une hygiène de vie adaptée (alimentation suivie, respect des temps de sommeil, évitement du stress, pratique d’activités physiques régulières) pour éviter les complications médicales.

L’inflammation est, à la base, un processus naturel de défense de l’organisme. Cependant, lorsqu’elle devient chronique, l’organisme est en permanence en train de se défendre en enclenchant des réactions immunitaires en chaîne.

Selon une équipe de l’université du Kentucky à Lexington et de la faculté de médecine de Boston, dirigée par Barbara Nikolajczyk, le glucose ne serait pas le seul responsable de l’inflammation chez les personnes diabétiques.

Mieux cerner l’origine de l’inflammation pour améliorer la prise en charge des patients diabétiques

Pour comprendre quels mécanismes rentrent en jeu dans l’inflammation chronique des patients diabétiques, les chercheurs ont réalisé des expériences in vitro sur des cellules immunitaires, des lymphocytes.

Après avoir réalisé leurs expériences sur ces cellules spécifiques issus de volontaires sains ou ayant le diabète, ils ont mis en évidence que :

  • La glycolyse stimule la production de molécules de signalisation inflammatoires avec une même intensité dans les deux groupes ;
  • L’inflammation des lymphocytes des patients diabétiques serait provoquée par un fonctionnement anormal de leurs mitochondries (centrale énergétique de la cellule) et de leur métabolisme lipidique.

En réalisant des expériences biochimiques plus poussées, l’équipe de Barbara Nikolajczyk a identifié plus précisément la molécule défaillante qui induirait une inflammation chronique : la navette acyl-carnitine, une molécule qui transporte les lipides à l’intérieur des mitochochondries pour qu’ils soient oxydés.

Finalement, une modification de l’importation ou de l’oxydation des acides gras dans la mitochondrie activerait l’inflammation des cellules saines.

Cette découverte très prometteuse explique notamment pourquoi le contrôle strict de la glycémie ne suffit pas et que, malgré tout, des complications inflammatoires graves prennent naissance.

« Depuis des décennies, la plupart des personnes atteintes de diabète de type 2 avaient pour objectif de contrôler leur glycémie de manière stricte afin de réduire le risque de complications diabétiques. Nos données fournissent une explication sur la raison pour laquelle les personnes, dont le contrôle glycémique est efficient, peuvent néanmoins voir la maladie progresser et des complications apparaître » explique l’auteure principale de l’étude dans un communiqué de presse.

Désormais, les chercheurs doivent poursuivre leurs investigations en :

  • Testant leur hypothèse in vivo sur l’animal et sur l’homme ;
  • Identifiant les lipides pro-inflammatoires ;
  • Comprenant quels types de lipides circulants sont associés à la résistance à l’insuline dans les tissus ;
  • Décryptant les modifications biochimiques des mitochondries.

L’avancement de ces travaux, et donc de la connaissance de l’origine des processus inflammatoires retrouvés chez les patients diabétiques, permettra d’améliorer, sans aucun doute, leur prise en charge thérapeutique.

Julie P., Journaliste scientifique

– Diabète : l’hyperglycémie ne serait pas la seule cause de l’inflammation Futura sciences. Consulté le 2 septembre 2019.
– What drives inflammation in type 2 diabetes? Not glucose, says new research. Eurekalert. Consulté le 2 septembre 2019.