Diabète de type 1 : une autogreffe pour ne plus se piquer ?!

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Rédigé par Estelle B. et publié le 6 mars 2018

Si le diabète de type 1 ne concerne que 10 % de l’ensemble des diabétiques en France, il frappe dès l’enfance ou l’adolescence. Fréquemment, cette maladie implique des mécanismes auto-immuns, qui représentent une indication potentielle pour une greffe autologue de cellules souches hématopoïétiques. Une récente étude s’est penchée sur l’intérêt de cette thérapeutique dans la prise en charge du diabète de type 1.

prélèvement de moelle osseuse en vu d'une autogreffe

Cellules souches hématopoïétiques et autogreffe

La greffe de cellules souches hématopoïétiques est plus connue sous le nom de greffe de moelle osseuse. Elle se décline principalement selon deux modalités :

  • Greffe hétérologue : la moelle osseuse greffée à un receveur provient d’un donneur.
  • Greffe autologue : le patient est à la fois donneur et receveur de cellules souches.

À savoir ! Les cellules souches hématopoïétiques sont des cellules précurseurs de toutes les cellules sanguines (globules rouges et blancs, plaquettes). Elles sont situées principalement dans la moelle osseuse et en petite quantité dans la circulation sanguine.

La greffe autologue, également appelée autogreffe, consiste à prélever des cellules souches hématopoïétiques chez un patient, puis à les lui réinjecter après un traitement de chimiothérapie et/ou de radiothérapie à forte intensité, destiné à éliminer les cellules anormales résiduelles.

La greffe autologue se déroule en trois grandes étapes :

  1. Le prélèvement des cellules souches hématopoïétiques du patient pour constituer un greffon, stocké en attendant la greffe ;
  2. La destruction des cellules anormales dans le corps du patient par différents traitements adaptés ;
  3. La transplantation du greffon au patient.

Si ce type de greffe présente l’immense avantage d’être dénué de tout risque de rejet de greffe, des risques de complications demeurent :

  • Des complications liées à la toxicité des traitements reçus avant la greffe ;
  • Des complications infectieuses ;
  • Un risque de récidive ou de rechute de la maladie initiale.

Autogreffe et diabète

La greffe autologue de cellules souches hématopoïétiques est principalement utilisée dans le traitement de certaines tumeurs :

  • Des tumeurs liquides (myélome multiple, lymphomes) ;
  • Certaines tumeurs solides ;
  • Des maladies auto-immunes.

Elle pourrait ainsi s’avérer utile dans la prise en charge de certaines maladies chroniques d’origine auto-immune, comme le diabète de type 1.

Des études antérieures ont montré que l’autogreffe de cellules souches hématopoïétiques chez des patients diabétiques de type 1 permettait à la moitié des patients de se passer d’insuline pendant une durée d’au moins 6 mois. Mais ce résultat prometteur suscite plusieurs questions sur les résultats à long terme de cette thérapeutique et sur sa réelle efficacité.

Pour répondre à ces questions cruciales, des chercheurs ont mené une étude clinique entre mars 2008 et décembre 2011 sur des adolescents diagnostiqués diabétiques de type 1 depuis moins de 6 mois. Ces adolescents ont été répartis, suivant certains critères, en deux groupes :

  • Un groupe « autogreffe » pour les 15 participants éligibles à la greffe autologue ;
  • un groupe « insuline » de 16 participants, traités avec un traitement par des injections pluriquotidiennes d’insuline ou une pompe à insuline.

Jusqu’à 48 mois sans injection d’insuline

Les résultats de l’étude ont montré que 14 participants du groupe « autogreffe » et 1 seul du groupe « insuline » ont pu se passer d’insuline, sur des périodes allant de 1,5 à 48 mois. Sur les 14 patients du groupe « autogreffe », 11 ont rechuté après un délai moyen de 19,5 mois et ont dû reprendre un traitement par insuline. Cependant, les doses d’insuline nécessaires étaient fortement réduites chez ces patients, sur les 48 mois de suivi de l’étude, par rapport aux doses du groupe « insuline ».

Après 3 mois, les taux de peptide-C (indicateur de la sécrétion résiduelle d’insuline par l’organisme) avaient significativement augmenté dans les deux groupes avant de diminuer, surtout dans le groupe « insuline ».

Au niveau des effets secondaires de l’autogreffe, les plus fréquents étaient liées à la greffe en elle-même (troubles sanguins, nausées, vomissements, perte de cheveux, anémie), et la plupart ont disparu dans les 2 à 4 semaines suivant la greffe. Aucun effet indésirable grave n’a été observé.

L’autogreffe de cellules souches hématopoïétiques aboutit à des résultats prometteurs chez les diabétiques de type 1, en termes de bénéfices (indépendance momentanée par rapport aux injections d’insuline), de sûreté et de tolérance. Néanmoins, avec un taux élevé de rechute, les études doivent se poursuivre pour mieux évaluer son intérêt à long terme et peut-être envisager cette thérapeutique en routine dans le traitement du diabète de type 1.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– La greffe autologue. Programme de greffes de cellules hématopoïétiques de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Consulté le 13 février 2018.
– Clinical benefits of autologous haematopoietic stem cell transplantation in type 1 diabetes patients. Gu, B. and al. 2018. Diabetes Metab. DOI

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