L’apeline, une molécule naturellement produite par notre organisme, pourrait bien révolutionner le traitement des personnes atteintes de diabète et constituer une nouvelle thérapie de choix pour ces patients. Une récente étude française dévoile ses résultats extrêmement prometteurs.
En savoir plus sur l’apeline
On le sait, l’insuline est la clé permettant l’entrée du glucose dans les cellules. Chez les personnes atteintes d’obésité, les mécanismes mis en jeu se détériorent et le diabète de type II apparaît. Cependant, en 2008, des chercheurs ont réussi à mettre en évidence une seconde voie qui lorsqu’elle est activée permet la régulation du taux de glucose (ou sucre) dans le sang. Cette dernière fait appel à l’apeline.
A savoir ! L’apeline est une protéine produite par les cellules du tissu adipeux (cellules graisseuses). De précédents travaux scientifiques ont permis de mettre en évidence une augmentation de sa présence chez les personnes obèses et chez les diabétiques de type II. Ce qui a mené les chercheurs à suspecter un lien entre l’apeline et la régulation du glucose.
L’apeline est donc une « clé » de secours, différente de l’insuline qui passe également par une autre « porte » (récepteur cellulaire) que celle de l’insuline. Cette découverte fut une avancée considérable, puisqu’il est maintenant possible d’imaginer assimiler le glucose par une voie totalement distincte de celle médiée par l’insuline.
Normalement, cette deuxième voie n’assure dans l’organisme qu’une faible partie de l’intégration du sucre. Cependant, les scientifiques ont pu démontrer via des tests sur les souris que son activation chez les patients diabétiques de type II permettait une nette amélioration de la régulation du taux de sucre dans le sang.
L’apeline relance l’espoir des diabétiques
L’apeline est une molécule qui suscite donc depuis déjà bien longtemps l’intérêt des chercheurs quant à sa capacité à réguler certaines fonctions métaboliques. Elle est en effet présente dans divers tissus de l’organisme, notamment au niveau du système nerveux central et plus particulièrement l’hypothalamus (région impliquée dans le contrôle du métabolisme énergétique et située au cœur du cerveau).
La découverte de cette voie alternative d’assimilation du glucose a tout de suite suscité chez les chercheurs l’idée de la stimuler et de produire de l’apeline de synthèse. Et, c’est une équipe française du CHU de Toulouse qui s’est lancée dans l’aventure. Les chercheurs ont mené un essai clinique sur 16 patients en surpoids, mais en bonne santé. L’objectif de l’étude était de prouver l’efficacité, mais aussi la tolérance (absence de toxicité) de 2 doses d’apeline (9 et 30 nmol/kg) par voie IV.
Les résultats montrent que l’injection de la dose la plus faible (soit 9 nmol/kg) entraîne une meilleure assimilation du glucose. La dose la plus élevée (soit 30 nmol/kg) permet d’augmenter en plus, la sensibilité des cellules à l’insuline. Par ailleurs, aucun effet secondaire n’a été relevé.
Les auteurs concluent que « c’est ce que l’on appelle la preuve de concept ». Ainsi, même sur peu de patients, les résultats obtenus encouragent à passer sur de plus grands effectifs afin de confirmer les résultats et espérer pouvoir commercialiser la thérapie.
Charline D., Pharmacien
– Diabète : l ‘efficacité de l’apeline établie sur un essai clinique. Egora. Le 11 août 2017.
– L’apeline au secours des diabétiques. INSERM. Le 4 novembre 2008.