Contraception : la pilule aggrave-t-elle le risque de diabète à la ménopause ?

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Rédigé par Julie P. et publié le 2 août 2018

Est-ce que la prise de pilule contraceptive influence le risque de survenue de diabète après la ménopause ? Lors de la 78ème conférence de l’association américaine du diabète qui s’est tenue à Orlando fin juillet, une équipe sud-coréenne a présenté ses travaux montrant que les contraceptifs oraux influencent le métabolisme du glucose et potentialise le risque d’apparition du diabète après la ménopause. Eclairage.

pilule diabète post ménopause

Une étude sur plus de 6500 femmes ménopausées

Pour répondre à leurs interrogations sur l’influence de la pilule sur le risque de diabète post-ménopause, les chercheurs de l’université catholique de Daegu, en Corée du Sud, se sont basés sur une enquête démographique nationale sur la santé et la nutrition (enquête KHANES) menée dans l’ensemble de la population nationale de 2007 à 2012.

Leur étude a inclus 6554 femmes ménopausées âgées en moyenne de 65 ans. Parmi elles, 849 souffraient de diabète suite à la prise de contraceptifs oraux pendant plus de 6 mois et 409 autres également, mais ayant ingéré la pilule pendant moins de 6 mois.

En plus de toutes les informations médicales et comportementales (hypertension, tabagisme, antécédents médicaux, âge de la ménopause etc…), la glycémie (taux de sucre dans le sang) et l’insuline (hormone hypoglycémiante) à jeun étaient également disponibles pour 3338 femmes ménopausées non diabétiques.

Des résultats en contradiction avec les études précédentes

Sung-Woo Kim, le superviseur de cette étude a présenté lors de cette conférence internationale ses résultats.

Ces travaux révèlent que :

  • L’utilisation passée de contraceptifs oraux  est un facteur potentiel d’aggravation du risque de diabète chez les femmes ménopausées.  Ainsi, le risque de souffrir de diabète est 35% plus élevé chez les femmes ayant pris la pilule pendant plus de 6 mois comparativement à celles n’ayant pas pris de pilule ;
  • Chez les femmes non diabétiques, on observe que la contraception orale pendant plus de 6 mois est associée à une insulino-résistance à jeun plus élevée et à une résistance à l’insuline comparativement aux femmes n’ayant pas ce mode de contraception ;

Ces résultats viennent renverser les dernières conclusions d’études qui avaient montré que la prise de contraceptifs oraux n’avait pas d’incidence sur l’apparition du diabète à un âge avancé.

Pour l’équipe de l’université de Daegu, cette divergence de conclusions s’explique notamment par le fait que dans leur étude :

  • Les femmes sont ménopausées alors que dans les autres études elles étaient pré-ménopausées laissant alors plus de temps à l’insulino-résistance de s’installer ;
  • Les femmes ont pris des versions plus anciennes de contraceptifs oraux.

« La prévalence du diabète a montré une tendance à la hausse de 0,5 % par mois d’utilisation de contraceptifs oraux« , a précisé Sung-Woo Kim.

Désormais, les chercheurs vont mener une étude plus approfondie pour clarifier l’effet à long terme des contraceptifs oraux sur le risque de diabète survenant après la ménopause.

Des questions restent en suspens comme celle de l’influence du type de contraceptif utilisé ou de l’âge de la ménopause ou encore, de laprise ou non d’un traitement hormonal substitutif après la ménopause.

L’idéal serait de réaliser une étude clinique sur des dizaines d’années en suivant de près le métabolisme glucidique des femmes prenant la pilule et d’autres femmes n’ayant recours à aucun mode de contraception.

Julie P., Journaliste scientifique

– Does the pill raise risk for diabetes after menopause ? EMedicine Health. Consulté le 2 août 2018.