8% des cas de diabète en France sont des diabètes de grossesse, une intolérance au glucose avec augmentation de la glycémie. L’un des traitements est l’accompagnement diététique permettant d’éviter l’apparition ou l’aggravation du diabète gestationnel. Récemment, une étude clinique sur plus de 1000 femmes enceintes et ayant un profil à risque a montré que le régime méditerranéen pouvait diminuer le risque de diabète gestationnel de 35%.
Suivre des femmes enceintes à risque pendant 18 mois
Afin de mener à bien leur étude sur les capacités du régime méditerranéen à influencer la survenue de diabète gestationnel, les chercheurs encadrés par Shakila Thangaratinam de l’université Queen Mary de Londres ont coopéré avec 5 maternités anglaises de septembre 2014 à février 2016.
Pour commencer, ils ont invité les femmes enceintes présentant des facteurs de risques métaboliques (obésité, hypertension chronique ou hypertriglycéridémie) à participer à l’étude. Ils ont donc sélectionné 1252 femmes et les ont répartis équitablement dans deux groupes : le groupe d’intervention et le groupe témoin. La plupart des femmes, et notamment 69% d’entre elles étaient obèses ou présentaient une hypertension artérielle.
Dans le groupe d’intervention, les femmes devaient suivre un régime méditerranéen dont les objectifs étaient de :
- Consommer une quantité importante de noix, d’huile d’olive, de fruits, de légumes, de céréales non raffinées et de légumineuses;
- Privilégier la consommation de poissons au lieu de la viande rouge tout en intégrant modérément de la volaille et des produits laitiers;
- Eviter la consommation de boissons sucrées, fast-foods et les aliments riches en graisses animales.
Des conseils diététiques leur ont été donnés à plusieurs reprises tout au long de leur grossesse et notamment entre la 18ème et 28ème semaine de grossesse.
D’un autre côté, le groupe témoin n’a pas suivi spécifiquement de régime méditerranéen.
Une baisse de 35% du risque de diabète gestationnel
Pendant les 18 mois de l’étude, les chercheurs ont mesuré différentes données médicales chez les participantes comme le diabète gestationnel et la prééclampsie. Ils ont aussi mesuré des données de santé sur les nouveaux nés comme leur âge gestationnel à la naissance (niveau de prématurité éventuelle) ou leur admission éventuelle dans une unité de soins néonatals.
À savoir ! La pré-éclampsie est une pathologie fréquente de la grossesse caractérisée par l’augmentation de la tension artérielle et l’apparition de protéine dans les urines. Dans 10% des cas, elle peut entraîner une éclampsie (crises convulsives potentiellement mortelles), une hémorragie cérébrale, une insuffisance rénale, un décollement placentaire (entraînant une hémorragie) et un syndrome de HELLP (risque d’hémorragie).
En comparant les résultats obtenus, les chercheurs ont conclu que :
- La probabilité de diabète gestationnel est réduite de 35% dans le groupe d’intervention ;
- Les mères ont pris moins de poids gestationnel (avec une moyenne de 1,2 kilo en moins) en suivant un régime méditerranéen ;
- Aucune différence significative entre les deux groupes n’a pu être mise en évidence concernant les complications de santé de la mère et de la progéniture.
Même si ces premières conclusions restent très encourageantes, les chercheurs doivent désormais comprendre pourquoi ce régime méditerranéen n’impacte pas positivement les complications de santé chez la mère et chez l’enfant (prématurité).
De plus, cette étude a été basée sur les déclarations des participantes. Pour affiner ces résultats, il serait intéressant d’intégrer des mesures de biomarqueurs objectifs.
Aussi, les chercheurs envisagent d’évaluer le rapport coût-efficacité de suivre un régime de type méditerranéen et de mesurer l’impact potentiel de ce type de régime alimentaire sur la santé future de l’enfant et notamment son risque à développer une obésité, de l’asthme et des troubles allergiques.
Julie P., Journaliste scientifique