Manger du chocolat pour prévenir le diabète de type 2 ? Quel non-sens ! C’est sans compter l’étude menée par des chercheurs américains qui ont démontré que certains composés retrouvés dans le cacao joueraient un rôle dans la libération d’insuline. Zoom sur cette découverte surprenante…
Qu’est-ce-que le diabète de type 2 ?
Le diabète de type 2 représente 90% des cas de diabète et se caractérise par un taux de glucose sanguin anormalement élevé que l’on désigne par « hyperglycémie chronique ».
Touchant davantage les personnes en surpoids ou obèses, le diabète de type 2 est le résultat de 2 phénomènes :
- Une résistance à l’insuline : l’organisme devient incapable de réguler la glycémie, ce qui entraîne une augmentation du taux de glucose dans le sang.
- Puis l’épuisement du pancréas : pour compenser la résistance à l’insuline, le pancréas se met à produire davantage d’insuline. Mais avec le temps, cet organe s’épuise et la sécrétion d’insuline diminue. La glycémie reste alors élevée de façon continue.
A savoir ! L’insuline est une hormone produite par les cellules β (Bêta) du pancréas. Elle a pour effet de réduire le taux de glucose dans le sang en permettant à l’organisme d’utiliser et de stocker les sucres apportés par l’alimentation.
Le diabète de type 2 est une maladie chronique qui nécessite une prise en charge personnalisée ainsi qu’une surveillance étroite. La base du traitement consiste à adopter des habitudes alimentaires saines visant à faire baisser la glycémie. C’est la raison pour laquelle les personnes diabétiques doivent éviter de consommer des sucreries telles que le chocolat.
Des scientifiques de l’université américaine de Brigham Young viennent pourtant de découvrir que le cacao pouvait aider à prévenir l’apparition du diabète de type 2.
Des molécules bénéfiques issues du cacao
Cette nouvelle étude, publiée dans le Journal of Nutritional Biochemistry, a en effet mis en évidence que les cellules β du pancréas fonctionnaient mieux et restaient plus fortes en présence de molécules que l’on trouve naturellement dans le cacao.
Mais les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le donnent à penser :
« Si vous voulez observer des effets bénéfiques avec ce composé chimique, il faudrait manger beaucoup de chocolat et si vous êtes diabétique, vous ne pouvez pas vous permettre d’avoir autant de sucre dans le sang, explique le docteur Jeffery Tessem. Ce qui nous intéresse ce sont les composants du cacao en eux-mêmes. »
Pour mener à bien leurs recherches, les chercheurs ont impliqué dans leur étude des animaux soumis à un régime alimentaire élevé en graisses. Ils ont observé qu’en ajoutant le cacao à ce régime fortement calorique, les composés de cacao permettaient de diminuer les niveaux d’obésité des animaux et augmentaient leur capacité à gérer les pics de glucose sanguin.
Les chercheurs ont ensuite évalué ce qui se passait au niveau cellulaire, particulièrement au niveau des cellules β. Ils ont ainsi constaté que les composés du cacao nommés « monomères d’épicathéchines » amélioraient la capacité des cellules β à sécréter l’insuline.
A savoir ! Les fèves de cacao sont très riches en polyphénols, parmi lesquels les monomères d’épicatéchines, molécules antioxydantes puissantes.
« Ces composés protègent les cellules et augmentent leur capacité à gérer le stress oxydatif, déclare Jeffery Tessem. Les monomères d’épicathéchines rendent la mitochondrie des cellules β plus forte, ce qui entraine une production d’ATP plus importante, et conduit à une libération plus importants d’insuline. »
A savoir ! La mitochondrie est un élément de la cellule animale ou végétale dont le rôle est d’assurer l’oxydation, la respiration cellulaire et le stockage de certaines substances. Elle joue également un rôle essentiel dans la synthèse d’ATP, source d’énergie pour la cellule entière.
Alors que de nombreuses recherches avaient été menées par le passé sur des composés similaires, aucune n’avait été jusqu’à présent capable d’identifier lesquels de ces composés étaient les plus bénéfiques, ni de quelle manière précise ils opéraient. Cette étude montre que ce sont les plus petits de ces composés, les monomères d’épicatéchines, qui sont les plus efficaces.
« Ces résultats vont nous aider à utiliser plus efficacement ces composés dans l’alimentation ou les compléments nutritionnels pour maintenir un contrôle correct des taux de glucose sanguin voire potentiellement prévenir ou retarder l’apparition du diabète de type 2 », déclare le co-auteur de l’étude Andrew Neilson.
Prochaine étape pour les chercheurs : chercher des moyens d’extraire les composés bénéfiques du cacao, de les concentrer et de les utiliser dans des traitements potentiels pour les patients diabétiques.
Inutile de faire des stocks de barres chocolatées bourrées de sucre en faisant vos courses au supermarché, les futurs traitements du diabète de type 2 à base de cacao seront loin d’être aussi appétissants !
Déborah L., Docteur en Pharmacie