Près de 4 millions de Français prennent un traitement contre le diabète de type 2, une maladie en plein essor dans l’ensemble des pays industrialisés. L’un des plus anciens médicaments antidiabétiques, la metformine, reste le traitement le plus prescrit actuellement en première intention. Pourtant, certains spécialistes commencent à envisager de la détrôner au profit des antidiabétiques plus récents.
Un débat animé autour de la metformine
Le diabète de type 2, qui représente 90 % de l’ensemble des cas de diabète, est généralement traité en première intention par un médicament antidiabétique mis sur le marché en 1959, la metformine. A l’occasion du dernier Congrès de l’American Diabetes Association, qui s’est tenu en juin 2018 à Orlando (USA), les spécialistes de cette pathologie ont engagé un débat sur l’intérêt de ce médicament en première intention dans le traitement du diabète de type 2.
Ce débat a été mené par deux principaux protagonistes :
- Un médecin canadien opposé à l’utilisation de la metformine;
- Un médecin américain positionné en faveur de la poursuite de l’utilisation en première intention de la metformine.
Des arguments « pour » …
Pour le médecin américain, la metformine est un médicament antidiabétique incontournable qui a fait ses preuves. Il avance plusieurs arguments en faveur de la poursuite de son utilisation en première ligne dans le diabète de type 2, notamment :
- Une efficacité et une sécurité démontrées par de nombreuses études scientifiques depuis la commercialisation de la metformine ;
- Un traitement peu coûteux ;
- Les autres médicaments antidiabétiques ont surtout prouvé leur intérêt chez des patients à haut risque cardiovasculaire, une catégorie de patients minoritaires par rapport à la population totale des diabétiques de type 2 ;
- Des effets indésirables (essentiellement des troubles gastro-intestinaux et des déficits en vitamine B12) mineurs, par rapport aux effets secondaires parfois graves des nouveaux médicaments ;
- La possibilité de prescrire la metformine chez des patients atteints d’une pathologie rénale.
Selon ce médecin, la metformine reste le traitement de choix pour débuter un traitement antidiabétique dès le diagnostic, car ce médicament est efficace, sûr, peu coûteux et réduirait à la fois les risques cardiovasculaires et la mortalité.
… et des arguments « contre »
A l’opposé, le médecin canadien positionné contre la poursuite de l’utilisation de la metformine en première intention a détaillé cinq arguments contre ce médicament :
- La metformine n’agit pas sur l’ensemble des mécanismes physiopathologiques du diabète de type 2 ;
- La metformine réduit l’hémoglobine glyquée (marqueur de l’équilibre glycémique sur les trois derniers mois), mais n’agit pas sur le poids corporel, la tension artérielle ou les taux sanguins de lipides ;
- Certains nouveaux médicaments préservent la fonction rénale des patients diabétiques au contraire de la metformine ;
- De nouveaux médicaments ont montré un effet protecteur cardiovasculaire ;
- De nouveaux médicaments permettent des réductions significatives de la mortalité, chez des patients à haut risque cardiovasculaire ou ayant une maladie cardiovasculaire préexistante, tandis que la metformine n’a pas de bénéfice démontré sur la mortalité.
A l’issue de la présentation des différents arguments, l’auditoire s’est positionné à 50 / 50 pour un maintien de la metformine en première ligne dans le diabète de type 2. Les médecins ont souligné l’existence de nombreuses combinaisons médicamenteuses contenant de la metformine associée à un autre antidiabétique plus récent. Des combinaisons qui sont de plus en plus prescrites en première intention et qui ont le mérite de faire la quasi-unanimité chez les spécialistes du diabète !
Estelle B. / Docteur en Pharmacie
– American Diabetes Association meeting (ADA) 2018. MedflixS. Consulté le 5 novembre 2019.