La montbretine A est une molécule naturelle contenue dans une plante ornementale, la Montbretia, dont le potentiel pour le traitement du diabète de type 2 a été découvert il y a une dizaine d’années. Récemment, des chercheurs canadiens ont réussi à découvrir les mécanismes de biosynthèse de cette montbrétine A. L’objectif ? Produire à grande échelle la molécule pour l’introduire dans un médicament anti-diabète.
A l’origine de la découverte de la montbrétine A
Il y a dix ans, dans le but de produire un médicament contre le diabète qui cible spécifiquement l’activité de l’enzyme HPA (alpha-amylase pancréatique), des scientifiques ont analysé 30 000 extraits de plantes et d’autres organismes.
À savoir ! La HPA est une enzyme (protéine) digestive qui casse les amidons complexes en chaînes de molécules de sucre plus petites. Les médicaments actuels (à base d’acarbose ou de miglitol) pour lutter contre le diabète ont pour rôle d’inhiber cette enzyme HPA et d’éviter ainsi l’hydrolyse des sucres complexes en sucres simples. Par conséquent, moins de glucose passe dans le sang. Cependant, en atteignant le colon, ces sucres complexes sont soumis à la flore bactérienne et subissent une digestion enzymatique provoquant des troubles digestifs importants (flatulences, ballonnements, diarrhées)
Les travaux ont finalement porté leurs fruits puisqu’ils ont découvert que la montbrétine A (MbA) contenue dans des bulbes souterrains de la plante ornementale montbretia avait une action inhibitrice envers l’enzyme HPA.
À savoir ! La plante montbretia (Crocosmia crocosmiiflora) est une plante vivace originaire d’Afrique du Sud et appartenant à la famille des Iridacées. Sa floraison a lieu de juin à septembre.
Malheureusement, les chercheurs se sont vite rendu compte que la MbA ne pouvait être produite immédiatement en quantité industrielle et qu’il serait nécessaire, en amont, de comprendre sa voie biochimique (l’ensemble des réactions biochimiques qui permettent sa formation) et les gènes impliqués dans sa biosynthèse.
Produire de la montbrétine A dans des plants de tabac, c’est possible
Récemment, des spécialistes en biologie végétale de l’université de la Colombie-Britannique et du réseau de recherche canadien Glyconet ont analysé, en détail, la voie biochimique amenant à la production de la MbA.
Ils ont identifié dans cette voie de biosynthèse du MbA :
- Les trois premières molécules intermédiaires y compris un produit appelé mini-MbA, qui inhibe également l’activité de l’enzyme HPA ;
- Les quatre enzymes impliquées dans la production de mini-MbA.
Ensuite, en clonant les gènes de ces enzymes et en les insérant dans le matériel génétique du tabac sauvage (plante modèle pour les expériences de transformation génétique), ils ont réussi à obtenir une production de mini-MbA.
Selon Joerg Bohlmann, auteur principal de cette étude parue dans la revue Plant Cell : » Il s’agit d’un exemple fascinant du potentiel largement méconnu du métabolisme spécialisé des plantes qui pourrait mener à de nouveaux traitements pour l’amélioration de la santé humaine « .
A terme, les scientifiques espèrent pouvoir transformer génétiquement d’autres plantes communes afin qu’elles produisent du mini-MbA en grande quantité.
Pour les chercheurs, c’est un nouvel espoir pour permettre aux pays en voie développement d’avoir accès à un médicament efficace contre le diabète de type 2 à un prix abordable.
Julie P., Journaliste scientifique
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