Diabète gestationnel, la metformine fait-elle courir un risque pour l’enfant ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 23 septembre 2019

De plus en plus de femmes enceintes sont touchées par le diabète gestationnel au cours de la grossesse. Les traitements reposent sur le respect de mesures hygiéno-diététiques et sur un éventuel recours à l’insuline. Mais la metformine, le médicament antidiabétique oral le plus prescrit dans le diabète de type 2, pourrait-elle aussi être utilisée sans risque pour l’enfant ? Santé Sur le Net vous dévoile les résultats d’une étude qui s’est penchée sur cette question.

Le diabète gestationnel

Diabète gestationnel et metformine

Le diabète gestationnel est la seule forme transitoire de diabète sucré, apparaissant au cours de la grossesse pour disparaître quelques jours ou semaines après l’accouchement. D’une manière générale, les médicaments antidiabétiques oraux, largement utilisés dans le traitement du diabète de type 2, ne doivent pas être utilisés au cours de la grossesse.

La prise en charge du diabète gestationnel repose sur deux aspects complémentaires :

  • Des mesures hygiéno-diététiques : une alimentation saine et équilibrée, avec des apports contrôlés en glucides et en lipides, et une activité physique régulière et adaptée ;
  • Des injections d’insuline, lorsque les mesures précédentes ne permettent pas d’équilibrer le diabète.

Mais en pratique, serait-il possible de prescrire de la metformine aux femmes enceintes et quels seraient alors les risques pour l’enfant à naître ?

Metformine vs insuline pendant la grossesse

Peu de données scientifiques sont disponibles sur l’effet de la metformine sur le fœtus, en comparaison de l’effet de l’insuline. Pour évaluer cet effet, des chercheurs ont compilé l’ensemble des études ayant porté sur l’impact de la prise de metformine sur le fœtus et l’enfant, par rapport à l’insuline.

Au total, les résultats de 28 études ont été analysés, représentant un ensemble de 3 976 femmes enceintes atteintes de diabète gestationnel. Aucune étude n’a directement évalué la croissance du fœtus sous metformine, par rapport à la croissance sous insuline.

En revanche, les enfants exposés in utero à la metformine présentaient un poids de naissance significativement plus faible que ceux exposés à l’insuline. La différence moyenne de poids de naissance était de 107,7 g. Pour autant, les enfants exposés in utero à la metformine n’avaient pas un risque majoré de naître avec une taille plus faible que celle correspondant à leur âge gestationnel.

Un risque majoré de maladie cardiovasculaire et de diabète de type 2

Par ailleurs, deux ans après leur naissance, les enfants exposés in utero à la metformine étaient en moyenne plus gros que ceux exposés à l’insuline. Entre 5 et 9 ans, l’Indice de Masse Corporelle (IMC) des enfants exposés in utero à la metformine était significativement supérieur à celui des enfants exposés à l’insuline (en moyenne +0,78). En revanche, la différence de poids entre les deux groupes d’enfants n’était pas significative.

En l’état actuel des connaissances, les enfants nés avec un plus faible poids de naissance mais gagnant rapidement du poids au cours de la petite enfance ont un risque majoré de développer à l’avenir une maladie cardiovasculaire ou un diabète de type 2. Ainsi, les enfants exposés in utero à la metformine seraient plus à risque de développer de telles pathologies que les enfants exposés à l’insuline.

Ces résultats ne constituent pas des arguments favorables à la prescription de metformine pour traiter le diabète gestationnel. L’insuline aurait moins de conséquences sur le développement métabolique et cardiovasculaire de l’enfant !

Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Neonatal, infant, and childhood growth following metformin versus insulin treatment for gestational diabetes: A systematic review and meta-analysis. NCBI. Consulté le 16 Septembre 2019.