Le nombre de personnes atteintes de diabète dans le monde a quadruplé au cours des 20 dernières années. En 2016, 415 millions de personnes sont touchées par la maladie et on considère qu’1 personne dans le monde en meurt toutes les 6 secondes. De nouvelles découvertes concernant la cause de l’inflammation chronique viennent d’être publiées. Santé sur le Net fait le point.
Le diabète, une maladie inflammatoire
Le diabète est une maladie chronique caractérisée par un manque ou un défaut d’utilisation de l’insuline, hormone produite par le pancréas permettant au glucose (sucre) d’entrer dans les cellules du corps afin d’y être utilisé comme source d’énergie. Lorsque l’insuline ne peut pas remplir sa fonction, le glucose s’accumule dans le sang : on parle alors d’hyperglycémie. A moyen ou long terme, elle peut provoquer certaines complications, notamment au niveau des yeux, des reins, des nerfs, du cœur et des vaisseaux sanguins.
A savoir ! Le diabète se caractérise par un taux de sucre dans le sang supérieur à 1,26g/L, à deux reprises.
On distingue deux types de diabète :
- Le diabète de type 1 ou diabète insulinodépendant, maladie auto-immune touchant les jeunes, qui résulte d’une production insuffisante voire inexistante d’insuline, nécessitant alors des injections pluriquotidiennes.
- Le diabète de type 2, le plus fréquent, a quant à lui pour origine la résistance des cellules à l’insuline, on parle d’insulino-résistance. Il se manifeste généralement après 40 ans, le mode de vie étant le facteur de risque principal (obésité, sédentarité, surpoids, hypercholestérolémie,…). Le glucose s’accumule de manière chronique dans le sang, provoquant un épuisement de la production d’insuline par le pancréas qui ne parvient plus à en fournir suffisamment.
Les récents résultats d’une étude Danoise démontrent l’infiltration du tissu pancréatique par certaines cellules immunitaires (les macrophages), et cela, dès les premiers stades du diabète de type 2. Ces macrophages produisent ce que l’on appelle des cytokines, autrement dit des molécules favorisant l’inflammation, qui vont aller détruire les cellules productrices d’insuline, entraînant alors un diabète.
Cependant, une découverte inattendue chez la souris montre qu’en bloquant la synthèse d’acides gras de ces mêmes cellules immunitaires, les souris ne développeraient pas d’inflammation ou de diabète, quel que soit le régime alimentaire. Le fait est que si la synthèse d’acide gras est rendue impossible, alors les macrophages ne sont pas non plus capables de détecter la graisse provenant de l’alimentation pour déclencher la réponse inflammatoire.
Bloquer l’inflammation pour empêcher le diabète
Des chercheurs de la Washington University School of Medicine ont développé un moyen de bloquer la production d’acides gras dans ces cellules immunitaires chez la souris et ainsi de les protéger contre le diabète induit par l’alimentation.
L’équipe de scientifiques a conçu des souris génétiquement modifiées, incapables de fabriquer l’enzyme nécessaire à la production des acides gras par les macrophages. Les souris ainsi modifiées sont protégées contre ce type de diabète. Elles ne développent pas : ni la résistance à l’insuline, ni le diabète (normalement induit par un régime alimentaire riche en matières grasses).
Il faut néanmoins garder à l’esprit que le blocage complet de l’inflammation n’est pas la réponse adéquate à la prévention des complications. Elle est en effet, vitale pour d’autres fonctions biologiques notamment pour combattre des agents pathogènes infectieux ou aider à guérir les blessures.
Pourtant, ces nouvelles découvertes pourraient avoir des implications cliniques profondes.
Des implications cliniques majeures
En bloquant spécifiquement la production d’acides gras à l’intérieur des macrophages, on pourrait prévenir l’inflammation de manière ciblée chez les personnes atteintes de diabète, mais pas seulement. Une diminution de l’inflammation chez des personnes atteintes d’arthrite ou de cancer, dans lesquels l’inflammation chronique joue un rôle important, pourrait également être bénéfique.
Une substance pouvant bloquer la synthèse des acides gras est actuellement en essai clinique dans le but de traiter le cancer.
D’autres médicaments ont également été développés pour inhiber la molécule responsable de la synthèse des acides gras dans le diabète. Ceux actuellement utilisés dans ce but permettraient de bloquer l’inflammation chronique, sans pour autant bloquer totalement le système immunitaire nécessaire dans le combat des infections.
Les chercheurs envisagent également d’examiner les composés médicamenteux existants qui modifient la composition lipidique des cellules. S’ils sont plus spécifiques (en ciblant la paroi des macrophages), ces médicaments ayant échoué lors des essais cliniques, pourraient réduire le risque de complications du diabète.
Cette nouvelle découverte ouvre donc de nombreuses possibilités pour un éventuel traitement antidiabétique dans les années à venir.
Mia R., Rédactrice scientifique, co-rédigé avec Charline D., Pharmacienne
Sources :
Cause of inflammation in diabetes identified, Xiaochao Wei and al., Science Daily, 2016. DOI: 10.1038/nature20117
Le diabète de type 2 une composante inflammatoire, Loïc Leroux, Fédération des Diabétiques, consulté en février 2017.
Physiopathologie métabolisme nutrition/dossier d’information, Pr Christian Boitard and al., INSERM, Avril 2014
Diagnostic et surveillance du diabète, Améli Sophia, consulté en février 2017.
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