En France, près de 4 millions de personnes prennent chaque jour un traitement contre le diabète, sans parler de tous ceux qui sont diabétiques sans même le savoir. Autant de personnes qui suivent avec attention tous les développements thérapeutiques sur cette maladie. Dans un récent article paru dans la revue scientifique Médecine des Maladies Métaboliques, une équipe de chercheurs fait le point sur les avancées majeures en diabétologie, qui devraient voir le jour au cours des 10 prochaines années.
La metformine reste incontournable contre le diabète
Le diabète, et en particulier le diabète de type 2, est une maladie en constante augmentation dans l’ensemble des pays industrialisés. Malgré des recherches importantes et productives dans le domaine de la diabétologie, cette maladie métabolique chronique reste encore incurable à ce jour.
Quelles sont les avancées thérapeutiques qui pourraient voir le jour d’ici 10 ans ? En se penchant sur cette question, des chercheurs ont tout d’abord constaté que la metformine demeure aujourd’hui le traitement de référence de première intention du diabète de type 2.
Pour améliorer l’efficacité et la tolérance de ce médicament utilisé depuis de nombreuses années, une nouvelle formulation a néanmoins été développée. De plus, des études scientifiques ont permis de comprendre les différences d’efficacité observées entre les patients. Des prescriptions personnalisées de metformine pourraient ainsi être mises en place dans les années qui viennent.
De nouvelles combinaisons en cours d’étude
Parallèlement à la place centrale occupée par la metformine, les spécialistes tentent de mettre au point de nouvelles combinaisons de médicaments antidiabétiques. A ce jour, aucun des médicaments disponibles n’est en effet capable de cibler l’ensemble des mécanismes pathologiques du diabète. Associer deux ou trois substances ciblant chacune un mécanisme est l’une des solutions utilisées pour mieux lutter contre la maladie et ses conséquences.
Si des associations fixes d’antidiabétiques sont d’ores et déjà disponibles, d’autres font progressivement leur apparition et complètent l’arsenal thérapeutique contre le diabète :
- L’association d’inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4 (iDPP-4 ou gliptines) et d’inhibiteurs des cotransporteurs sodium-glucose de type 2 (SGLT2 ou gliflozines, non encore commercialisées en France), avec trois combinaisons bientôt disponibles :
- La saxagliptine avec la dapagliflozine ;
- La linagliptine avec l’empagliflozine ;
- La sitagliptine avec l’ertugliflozine ;
- L’association d’une insuline basale et d’un agoniste des récepteurs du GLP-1 (Glucagon-like peptide-1), avec les deux combinaisons suivantes :
- L’insuline dégludec avec le liraglutide ;
- L’insuline glargine avec le lixisénatide.
À savoir ! Les gliptines et les agonistes du GLP-1 agissent en stimulant la sécrétion d’insuline et en inhibant la sécrétion de glucagon. Les gliflozines quant à elles bloquent en partie la réabsorption rénale du glucose, tout en augmentant son excrétion urinaire.
Le glucagon au cœur des recherches actuelles
Plus précisément, les efforts des scientifiques se concentrent depuis plusieurs années sur la régulation de la sécrétion du glucagon, une hormone sécrétée par le pancréas et ayant une action hyperglycémiante. Sur cette voie, les chercheurs tentent de développer des substances ne ciblant pas un seul mécanisme pathologique du diabète, mais deux, voire trois.
Parmi les catégories de substances auxquelles s’intéressent les chercheurs, se trouvent :
- De nouveaux agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide-1 (GLP-1), et notamment le développement d’une forme orale ;
- Les co-agonistes des récepteurs GLP-1/ GIP (Glucose-dependent insulinotropic polypeptide)/glucagon ;
- Les inhibiteurs mixtes des cotransporteurs sodium-glucose de type 2 et de type 1 (SGLT2/SGLT1), pour mieux agir sur le transport du glucose ;
- De nouvelles substances capables de stimuler la sécrétion d’insuline ;
- Les antagonistes des récepteurs du glucagon ;
- Des agents contre l’obésité ;
- De nouveaux médicaments anti-inflammatoires innovants, le diabète étant une maladie associée à un état inflammatoire.
L’arsenal thérapeutique contre le diabète de type 2 pourrait ainsi considérablement s’élargir dans les années à venir. Selon leur efficacité, leur tolérance et leur coût, certains médicaments pourraient ainsi se faire une place de choix dans les prochaines stratégies thérapeutiques contre cette maladie.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie
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