En 2018, selon les données d’Open Medic, plus de 300 000 patients diabétiques étaient traités avec un analogue du GLP-1, une classe récente de médicaments contre le diabète de type 2. Suite à la publication en février 2023 d’une étude observationnelle suggérant un lien entre ces traitements et la survenue de cancers de la thyroïde, le comité de pharmacovigilance de l’Agence Européenne du Médicament a examiné l’ensemble des données disponibles et vient de rendre ses conclusions.
Analogues du GLP-1 et diabète de type 2
Dans le traitement du diabète de type 2, deux classes de médicaments injectables sont disponibles, les insulines et les analogues du GLP-1 (Glucagon Like Protein-1). Lorsqu’un patient diabétique présente une glycémie insuffisamment contrôlée par les mesures hygiéno-diététiques et les antidiabétiques oraux, il peut se voir prescrire un analogue du GLP-1. Le GLP-1 est une hormone qui régule la sécrétion d’insuline, joue un rôle clé dans la régulation de la glycémie après le repas et ralentit la vidange gastrique.
À savoir ! Certains analogues du GLP-1 sont également prescrits sous conditions dans la prise en charge de certaines formes sévères d’obésité.
La prescription d’analogues du GLP-1 permet généralement de mieux contrôler les glycémies du patient et ainsi de retarder le recours à l’insuline. Ces médicaments sont injectés par voie sous-cutanée au moyen de stylos injecteurs préremplis. Comme tout médicament, les analogues du GLP-1 peuvent provoquer des effets indésirables, le plus souvent des troubles digestifs, des nausées, des vomissements, surtout en début de traitement. Mais récemment, une étude observationnelle a suggéré que les analogues du GLP-1 pourraient augmenter le risque de développer un cancer de la thyroïde.
Analogues du GLP-1 et cancers de la thyroïde
Dans cette étude, les chercheurs ont observé une augmentation du risque de cancers de la thyroïde après 1 à 3 ans de traitement avec un analogue du GLP-1. En France, quatre analogues du GLP-1 sont actuellement disponibles :
- Le liraglutide ;
- Le semaglutide ;
- L’exenatide ;
- Le dulaglutide.
Dans ce contexte, le comité de pharmacovigilance de l’Agence Européenne du Médicament (PRAC) s’est immédiatement lancé dans une analyse de l’ensemble des données disponibles sur les analogues du GLP-1 autorisés en Europe. Les experts ont intégré dans cette analyse les données publiées, dont l’étude observationnelle de 2023, et les données fournies par les laboratoires pharmaceutiques. Le PRAC a publié ses conclusions le 27 octobre 2023. Il conclut qu’à ce jour les données disponibles ne permettent pas d’établir un lien causal entre les analogues du GLP-1 et les cancers de la thyroïde.
Une surveillance des cancers de la thyroïde chez les patients sous traitement
Aux USA, les analogues du GLP-1 sont contre-indiqués chez les patients ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancers de la thyroïde. Certaines études menées chez l’animal suggèrent en effet que les analogues du GLP-1 pourraient interagir avec les fonctions hormonales et notamment avec les fonctions thyroïdiennes. Mais la transposition de ces résultats chez l’homme reste incertaine à ce jour. En Europe, les documents associés aux autorisations de mise sur le marché (AMM) de ces médicaments précisent seulement que les analogues du GLP-1 doivent être prescrits avec précaution chez les patients présentant une maladie thyroïdienne préexistante.
A ce stade, le PRAC ne recommande aucune mise à jour des conditions de prescription des analogues du GLP-1. Néanmoins, une surveillance étroite du risque de cancers de la thyroïde se poursuit chez les sujets diabétiques traités par ces médicaments.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Meeting highlights from the Pharmacovigilance Risk Assessment Committee (PRAC) 23-26 October 2023. EMA. News 27/10/2023. www.ema.europa.eu. Consulté le 7 novembre 2023.