Prendre en charge le diabète de type 2 au moyen d’un pancréas artificiel autonome ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 29 janvier 2023

Et s’il était bientôt possible pour les diabétiques de type 2 d’alléger les problématiques quotidiennes liées à la gestion de leur glycémie ? C’est ce que suggère un récent article publié dans le Nature Medicine et selon lequel l’utilisation d’un pancréas artificiel chez des patients diabétiques de type 2 a montré de premiers résultats encourageants.

pancréas artificiel

Diabète de type 2 et insulinodépendance

Forme de diabète la plus fréquente, le diabète de type 2 touche principalement les personnes présentant un surpoids, une obésité, les personnes sédentaires ainsi que les personnes de plus de 45 ans. Et avec l’augmentation de la prévalence de l’obésité dans les pays occidentaux, force est de constater que cette maladie survient chez des patients toujours plus jeunes.

En pratique, le diabète de type 2 se caractérise par le développement précoce d’une « insulino-résistance », à l’origine d’une glycémie trop élevée.  Face à ce taux de sucres dans le sang trop élevé, le pancréas en vient à sécréter toujours plus d’insuline pour essayer en vain de le réguler. Or, avec le temps, le pancréas finit par s’épuiser et la sécrétion d’insuline chute. A un stade avancé de la maladie, le pancréas n’est plus du tout capable de produire de l’insuline, faisant alors tomber le patient dans un état d’insulinodépendance, nécessitant des injections d’insuline à vie.

Et s’il était bientôt possible pour les diabétiques de type 2 d’alléger les problématiques quotidiennes liées aux injections d’insuline et la gestion de leur glycémie ? C’est ce que suggère un récent article publié dans le Nature Medicine et selon lequel l’utilisation d’un pancréas artificiel chez des patients diabétiques de type 2 a montré de premiers résultats encourageants.

Pancréas artificiel : un dispositif intelligent et autonome

Elaboré par des scientifiques de l’université de Cambridge, le pancréas artificiel est un dispositif constitué par une pompe à insuline et une application. Intitulée « CamAPS HX », cette application exploite un algorithme pouvant anticiper les quantités d’insuline nécessaires au maintien du patient dans une fourchette de glycémie préalablement définie. A noter que cette application fonctionne de manière autonome, sans intervention humaine extérieure, c’est-à-dire qu’elle est capable de prendre seule « la décision » d’injecter ou non de l’insuline au patient.

S’il a déjà été utilisé avec succès chez des patients atteints de diabète de type 1 et de diabète de type 2 sous dialyse, le pancréas artificiel n’avait jusqu’à présent jamais été testé chez des patients diabétiques de type 2 non dialysés.

Dans le cadre de cette nouvelle étude, les chercheurs ont recruté 26 patients diabétiques de type 2 non dialysés et faisant l’objet d’un suivi médical à la clinique Wolfson. Les patients ont ensuite été répartis en deux groupes :

  • Un groupe test bénéficiant du pancréas artificiel
  • Un groupe témoin bénéficiant d’une prise en charge classique comprenant une injection manuelle d’insuline pouvant être associée à des traitements hypoglycémiants.

Après huit semaines, les patients du groupe test ont bénéficié de la prise en charge classique et ceux du groupe témoin ont bénéficié du pancréas artificiel. Tout au long de l’étude, chacun d’eux était équipé d’un système de surveillance continue de la glycémie.

Vers une prise en charge du diabète de type 2 au moyen du pancréas artificiel ?

Les scientifiques ont été attentifs à deux critères : la cible glycémique (qu’ils ont établie entre 3,9 et 10 mmol/L) et le pourcentage de temps passé avec une glycémie élevée  (supérieure à 10 mmol/L). En fin d’étude, ils ont ainsi pu observer les résultats suivants :

  • Cible glycémique atteinte pendant 66 % du temps pour le groupe test contre 32% du temps pour le groupe témoin.
  • Glycémie élevée pendant 33% du temps pour le groupe test contre 67% pour le groupe témoin.
  • Glycémie moyenne de 9,2 mmol/L pour le groupe test contre 12,6 mmol/L pour le groupe témoin.

Ces résultats satisfaisants sont assortis de bons retours de la part des patients de l’étude. Beaucoup se réjouissent en effet de ne plus être contraints de subir chaque jour des injections d’insuline et des mesures de glycémie capillaire. Et 89 % d’entre eux déclarent passer moins de temps à gérer leurs problèmes de diabète. Un bilan d’autant plus positif que s’agissant de la sécurité d’emploi de ce dispositif, aucun patient ne s’est trouvé en hypoglycémie sévère. Seuls bémols, l’hospitalisation d’un participant pour cause d’abcès au niveau du site d’insertion de la canule reliée à la pompe, ainsi que l’anxiété relative au risque d’hypoglycémie ou encore l’encombrement du dispositif.

Prochaine étape pour les chercheurs ? Réunir un grand nombre de données à travers la mise en place d’une étude beaucoup plus large en vue d’obtenir à terme une autorisation de mise sur le marché pour ce dispositif plein de promesses !


Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Fully automated closed-loop insulin delivery in adults with type 2 diabetes. www.nature.com. Consulté le 18 Janvier 2023.