Et si privilégier une zone de peau pour réduire la douleur lors des injections d’insuline perturbait le contrôle de la glycémie chez le patient diabétique ? C’est ce suggère la revue Prescrire selon laquelle les injections d’insuline répétées sur une seule et même zone entraînent des modifications tissulaires pouvant augmenter la fréquence des hypoglycémies. La solution serait de varier les zones d’injection de l’insuline !
Diabète et insulinothérapie
Traitement du diabète pour certains patients diabétiques de type 1 et de type 2, l’insulinothérapie consiste à injecter de l’insuline dans l’organisme. L’objectif étant de compenser la production insuffisante de cette hormone par le pancréas du patient.
Plusieurs options existent pour administrer l’insuline au patient diabétique. On peut citer la pompe à insuline portative et l’injection d’insuline au moyen d’une seringue ou d’un stylo.
À savoir ! La pompe à insuline diffuse en permanence de l’insuline sous la peau.
Dans le cas de l’injection d’insuline, les patients sont souvent tentés de cibler systématiquement la même zone du corps, soit par habitude soit pour atténuer la douleur ressentie. Cette méthode ne serait cependant pas sans risque pour le contrôle de la glycémie.
À savoir ! Les injections d’insuline s’avèrent moins douloureuses si elles sont répétées sur une même zone durant une longue période.
Privilégier une zone d’injection d’insuline peut perturber le contrôle glycémique
D’après la revue Prescrire, des injections d’insuline répétées sur une seule et même zone du corps entraînent des modifications du tissu graisseux sous-cutané pouvant augmenter la fréquence des hypoglycémies. Pour les auteurs, «Il s’agit de nodules ou d’épaississements, appelés lipohypertrophies» qui :
- Font varier de façon imprévisible et irrégulière l’absorption de l’insuline.
- Entraînent une diffusion trop rapide ou trop lente de l’insuline d’où un mauvais contrôle de la glycémie.
- Peuvent provoquer une augmentation de la fréquence des hypoglycémies inexpliquées.
Or, les patients diabétiques traités par insuline sont particulièrement sujets aux risques d’hypoglycémie. Cette baisse anormale du glucose dans le sang peut se manifester à travers différents signes cliniques (sueurs, pâleur, fringale, vision floue, tremblements, sensation de faiblesse). Des troubles plus graves aux conséquences potentiellement vitales peuvent même apparaître en cas d’hypoglycémie sévère (confusion mentale, troubles du langage, convulsions, troubles visuels voire coma hypoglycémique…).
De la nécessité de varier les zones d’injection de l’insuline
D’où l’intérêt, selon les rédacteurs de la revue Prescrire, de «respecter la rotation des zones d’injection». Sachant que ces complications cutanées surviennent surtout après une longue période d’insulinothérapie, les soignants devront être particulièrement attentifs face à l’absence de douleur du patient au moment de l’injection. L’examen visuel et la palpation des zones concernées les aideront à alors examiner la pratique d’injection et à mieux varier les zones d’injection de l’insuline.
À savoir ! Chez les patients présentant des lipohypertrophies, l’arrêt des injections d’insuline dans les zones concernées entraîne leur régression lente (quelques mois voire quelques années).
Dans cet objectif, les médecins et soignants pourront proposer au patient d’utiliser une feuille de suivi des rotations pour identifier les zones d’injection possibles. Ils accorderont enfin une attention toute particulière à la surveillance régulière de la glycémie du patient sans oublier de prendre en compte les autres facteurs de risque cardiovasculaires comme la sédentarité et le surpoids !
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– L’insuline dans le traitement du diabète de type 1. vidal.fr. Consulté le 9 Septembre 2021.