Les liens entre le diabète de type 2 et le sommeil suscitent un vif intérêt chez les spécialistes. Si l’existence de ces liens ne semble plus à démontrer, leur complexité ne cesse d’être explorée. Comment le sommeil est-il capable d’influencer le risque de développer une maladie diabétique ? Cette question a fait l’objet d’une étude, dont les résultats viennent d’être dévoilés.
Diabète et sommeil
Plusieurs études scientifiques ont établi l’existence de liens complexes entre le sommeil et le diabète. Comment le sommeil peut-il influencer une maladie métabolique, comme le diabète ? Les chercheurs s’intéressent de près à la question.
Dans ce contexte, une récente étude apporte de nouvelles données sur les liens entre sommeil et diabète. Les chercheurs ont utilisé des tests spécifiques d’évaluation de la sécrétion d’insuline et de la sensibilité à cette hormone hypoglycémiante. De plus, ils ont analysé, non seulement l’effet de la durée du sommeil, mais aussi l’impact de sa qualité.
Cette étude a été menée sur 1 002 adultes (46 % d’hommes, âge moyen : 48 ans), âgés de 30 à 60 ans, vivant dans 14 pays européens. Les participants ont répondu à des questionnaires pour évaluer la durée de leur sommeil, en semaine et le week-end. Plusieurs tests ont permis de déterminer leur sécrétion d’insuline et leur sensibilité à l’insuline. La glycémie et le taux sanguin d’insuline ont notamment été mesurés après un test d’hyperglycémie par voie orale (HGPO).
Le sommeil influencerait la sensibilité à l’insuline
Les résultats de l’étude ont tout d’abord révélé que la durée moyenne de sommeil des participants était de 7 heures. La durée moyenne de la dette de sommeil, c’est-à-dire le temps de sommeil inférieur aux besoins, était de 1 heure. Les participants qui dormaient très peu (entre 3 et 5 heures) ou beaucoup (plus de 9 heures) avaient un Indice de Masse Corporelle (IMC) supérieur à celui des participants qui dormaient 7 heures chaque nuit.
Par ailleurs, une relation a pu être mise en évidence entre la durée du sommeil et la sensibilité à l’insuline. Ainsi, les petits dormeurs et les gros dormeurs présentaient un risque accru d’avoir une sensibilité réduite à l’insuline. Les analyses statistiques ont montré que l’IMC expliquerait 60 à 91 % de cette relation. Certains facteurs semblent atténuer cette relation entre durée du sommeil et sensibilité à l’insuline :
- L’âge ;
- Le pays de résidence ;
- La dépression ;
- Le statut tabagique ;
- La consommation d’alcool ;
- L’activité physique.
En revanche, aucune relation significative n’a pu être mise en évidence entre la durée du sommeil et la sécrétion d’insuline. De même, aucune association n’a été observée entre la dette de sommeil et la sensibilité ou la sécrétion d’insuline.
L’IMC comme trait d’union entre sommeil et diabète
Cette nouvelle étude sur les liens entre sommeil et diabète révèle que les petits et les gros dormeurs auraient un IMC plus élevé et une moindre sensibilité à l’insuline que les personnes qui dorment en moyenne 7 heures par nuit. De tels résultats suggèrent que la durée du somme pourrait jouer un rôle important dans le développement du diabète de type 2.
Les chercheurs émettent plusieurs hypothèses pour expliquer ces résultats :
- La stimulation de certains axes nerveux, qui augmenteraient la sécrétion de cortisol, une hormone qui contribue à la résistance à l’insuline, aux troubles lipidiques et à l’obésité abdominale ;
- L’activation des voies de l’inflammation, entraînant la résistance à l’insuline et une augmentation de la glycémie ;
- Un impact sur les hormones de régulation de la faim, la ghréline et la leptine.
L’IMC semble être au cœur de l’association entre sommeil et diabète. Dormir suffisamment, mais pas trop, serait ainsi un bon moyen d’éviter le surpoids et de limiter le risque de diabète !
Estelle B. Docteur en Pharmacie