La prévalence du diabète de type 2 ne cesse d’augmenter d’année en année, à un rythme plus élevé que les estimations des spécialistes. Face à cette maladie chronique aux nombreuses conséquences sur la santé et la qualité de vie, les recherches se multiplient pour développer de nouvelles thérapeutiques. Récemment, une étude a révélé des résultats prometteurs pour un nouveau médicament, la twincrétine.
Différentes cibles thérapeutiques pour lutter contre le diabète
Le traitement du diabète de type 2 repose généralement sur des médicaments antidiabétiques. Plusieurs classes de médicaments possèdent actuellement une indication dans le traitement de la maladie diabétique. Classés selon leur mécanisme d’action, ces médicaments sont les suivants :
- Les médicaments qui améliorent la sensibilité à l’insuline, comme la metformine et les glitazones ;
- Les médicaments qui stimulent la production d’insuline, comme les sulfamides hypoglycémiants et les glinides ;
- Les médicaments qui agissent par le biais de deux hormones intestinales, les incrétines (GLP-1 (Glucagon Like Peptide-1) et GIP (Glucose-dependent Insulinotropic Polypeptide), comme les les gliptines (inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase-4) et les analogues du GLP-1 ;
- Les médicaments qui réduisent l’absorption des sucres, avec les inhibiteurs des alpha-glucosidases.
D’autres médicaments sont actuellement disponibles dans d’autres pays ou sont encore en développement. Parmi les médicaments en cours de développement, l’un d’entre eux, baptisé la twincrétine, a récemment fait l’objet de nouvelles études, qui ont permis de dévoiler des résultats très prometteurs.
Un meilleur équilibre glycémique avec la twincrétine
La twincrétine possède un double mécanisme d’action contre le diabète, en étant à la fois :
- Agoniste du récepteur du GIP ;
- Agoniste du récepteur GLP-1.
Elle permet ainsi d’exercer un double effet sur les incrétines et donc sur le diabète.
Dans une récente étude clinique, ce médicament a été testé sur 318 patients diabétiques de type 2, diagnostiqués depuis 9 ans en moyenne, traités ou non par la metformine, avec une hémoglobine glyquée (HbA1c) comprise entre 7 et 10,5 % et un Indice de Masse Corporelle (IMC) entre 23 et 50.
À savoir ! L’hémoglobine glyquée (notée couramment HbA1c) est un marqueur de l’équilibre glycémique sur les 3 derniers mois. Son dosage permet d’évaluer en routine le contrôle du diabète au cours des précédentes semaines.
Les patients inclus dans l’étude ont été aléatoirement répartis en trois groupes, traités pendant 26 semaines avec :
- Soit la twincrétine à quatre doses différentes, en sous-cutané ;
- Soit un analogue du GLP-1 en sous-cutané ;
- Soit un placebo.
A l’issue du traitement, l’hémoglobine glyquée a baissé de 1,06 à 1,94 % chez les patients traités par la twincrétine (en fonction de la dose utilisée), de 1,21 % avec l’analogue du GLP-1 et de 0,06 % avec le placebo. La dose la plus élevée de twincrétine permettait à 82 % des patients d’avoir un taux d’HbA1c inférieur à 6,5 %, valeur considérée classiquement comme un objectif thérapeutique dans la prise en charge du diabète de type 2.
Un effet majeur sur le contrôle du poids corporel
Au-delà des résultats prometteurs de la twincrétine sur l’équilibre glycémique, l’effet majeur de ce nouveau médicament se révèle être une baisse très significative du poids. En effet, à l’issue de l’étude, 71 % des patients traités par la twincrétine avaient perdu au moins 5 % de leur poids initial, contre seulement 22 % avec l’analogue du GLP-1 et 0 % avec le placebo. Près de 40 % des patients avaient même perdu 10 % de leur poids initial, contre 9 % avec l’analogue du GLP-1.
Sur le plan de la tolérance de la twincrétine, le traitement a été globalement bien toléré sur les 26 semaines de l’étude, avec des effets indésirables le plus souvent modérés et transitoires. Ces effets secondaires étaient principalement :
- Des troubles gastro-intestinaux, dose-dépendants ;
- Une perte d’appétit.
Contrairement à un autre médicament actuellement en développement avec un mécanisme d’action similaire, la twincrétine ne semble pas perturber le rythme cardiaque, ni provoquer d’hypoglycémie sévère. En revanche, le risque à long terme de pancréatite reste à évaluer plus précisément, même si aucun cas n’a été décelé dans l’étude.
Ses effets cumulés sur l’équilibre glycémique et le poids corporel font de la twincrétine un candidat plus que prometteur pour compléter l’arsenal thérapeutique contre le diabète de type 2. Une nouvelle démonstration de l’intérêt des substances à double ou triple mécanisme d’action dans la lutte contre la maladie diabétique.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie
– Twice the benefits with twincretins? Stumvoll, M. and al. 2018. The Lancet.
– MEDI0382, a GLP-1 and glucagon receptor dual agonist, in obese or overweight patients with type 2 diabetes: a randomised, controlled, double-blind, ascending dose and phase 2a study. Ambery, P. and al. 2018. The Lancet 391:2607-2618.