Tabagisme et diabète gestationnel : Un lien est-il possible?

En France, en 2016, 30% des femmes fumaient pendant leur grossesse. Parmi ces femmes, 45,8 % ont arrêté de fumer avant le troisième trimestre de la grossesse, 37,2 % ont réduit leur consommation de moitié et 16,2% ont continué à fumer. Ces chiffres, variant selon le nombre de cigarettes fumées avant la grossesse, les caractéristiques sociodémographiques et le nombre de grossesses précédentes, montrent des disparités, et bien que le tabagisme soit déconseillé au cours d’une grossesse, des femmes continuent de fumer. C’est à ces femmes que s’est intéressé une étude récente avec pour objectif d’évaluer l’incidence du tabagisme sur le risque de diabète gestationnel, qui touche 3 à 20 % des femmes enceintes.

Une prévalence du diabète comparable dans les trois groupes témoins

Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont étudié les dossiers de 7 437 femmes enceintes qu’ils ont répartis en trois groupes :

• Un groupe A : femmes non fumeuses.
• Un groupe B : femmes anciennement fumeuses, dont l’arrêt coïncide avec le début de la grossesse.
• Un groupe C : femmes continuant à fumer pendant la grossesse.

Au final, la prévalence du diabète dans les trois groupes était équivalente, avec des écarts non significatifs, avec, respectivement pour les groupes A, B et C des taux de 33,7%, 34,2% et 34,2%. En revanche, pour les femmes anciennement fumeuses ou continuant à fumer, les chercheurs ont pu mettre en évidence un besoin en insulinothérapie supérieur.

Dans le cas d’un diabète gestationnel, le premier traitement est la prise en charge diététique avec un régime alimentaire adapté et le contrôle du poids, accompagné d’une activité physique régulière. Il est donc intéressant de noter qu’habituellement, l’insuline est réservée aux femmes pour qui les mesures hygiéno-diététiques ne suffisent pas pour atteindre l’équilibre glycémique.

D’autres mesures réalisées plus significatives

Deux autres données ont été analysées dans cette étude : l’incidence du tabac sur la tolérance glucidique (correspondant à la tolérance au glucose et à l’hyperglycémie modérée à jeun) et sur les taux d’hémoglobine glyquée, l’HbA1c (mesure utilisée dans la gestion du diabète). Les chercheurs ont ainsi pu mettre en évidence :

• Une glycémie à jeun significativement plus élevée ainsi qu’une glycémie à la 3ème heure plus basse dans le groupe C par rapport au groupe A.
• Des glycémies intermédiaires, à jeun ou après la charge glucidique dans le groupe B.

Mais, en cas de diabète, les données changent. Pour les femmes avec un diabète gestationnel qui fument, les chercheurs ont constaté :

• Une glycémie mesurée une heure après la charge glucidique plus élevée.
• Des taux d’HbA1c un peu plus élevés.

En conclusion, les chercheurs n’ont pas trouvé de corrélation franche entre tabagisme et diabète gestationnel. En revanche, le tabagisme pourrait bien avoir une incidence sur la tolérance glucidique et les taux d’HbA1c en cas de diabète.

Ce sont des données précieuses qu’il serait intéressant d’ajouter aux informations de prévention sur le tabagisme des femmes enceintes. La prévalence des femmes qui fument en étant enceinte reste élevée en France et aucune amélioration n’est réellement observée depuis 2010. Avec des facteurs de risque de morbidité maternelle (comme les fausses-couches ou les grossesses extra-utérines), et fœtale (petit poids de naissance), une meilleure connaissance des habitudes tabagiques des mères est essentielle pour mettre en place des actions de prévention. Ces études sont donc importantes afin de pouvoir prendre en charge et communiquer de manière optimale avec ces futures mères.

Juliette S., Rédactrice scientifique

Sources