Supplémentation en vitamine D : quel impact sur l’incidence du diabète de type 2 ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 30 juillet 2020

Sédentarité, obésité et vieillissement de la population constituent autant de facteurs favorisant la progression constante du nombre de personnes souffrant de diabète de type 2. D’après la Fédération Internationale du Diabète, le nombre de diabétiques pourrait en effet passer de 285 millions en 2010 à 438 millions en 2030 ! La prévention du diabète représente donc un véritable enjeu de santé publique. Et s’il était possible de prévenir la survenue du diabète de type 2 chez les personnes à risque au moyen d’une supplémentation en vitamine D ? C’est ce que suggère une récente analyse sur le sujet.

Pilule de vitamine D au soleil

 Un lien entre diabète de type 2 et vitamine D ?

Le diabète de type 2 résulte de la combinaison de facteurs génétiques, de facteurs environnementaux et des habitudes de vie du patient. Chez les personnes génétiquement prédisposées à la maladie, c’est en général le surpoids et l’accumulation de graisses dans l’abdomen qui sont à l’origine d’une résistance de l’organisme à l’insuline. Dans un premier temps, le pancréas se met à produire davantage d’insuline pour compenser la résistance à l’insuline. Mais avec le temps, le pancréas s’épuise et la sécrétion d’insuline diminue ce qui provoque une glycémie  (taux de sucre dans le sang) élevée de façon continue.

À savoir ! Le diabète de type 2 (ou diabète insulino-résistant) résulte de deux phénomènes : une résistance à l’insuline puis un épuisement du pancréas.

Des études scientifiques précédemment menées ont déjà démontré le lien entre des taux faibles de vitamine D et des anomalies de sécrétion d’insuline ainsi qu’une insulino-résistance. L’effet favorable de la supplémentation en vitamine D sur la glycémie à jeun a également été prouvé. Cependant, d’autres travaux de recherche n’ont pas permis d’attester de ces effets.

Dans ce contexte, une méta-analyse a été mise en place pour vérifier si la supplémentation en vitamine D permet de prévenir la survenue du diabète de type 2 chez les personnes à risque (présentant par exemple un syndrome d’insulino-résistance ou un pré-diabète).

À savoir ! La méta-analyse désigne une méthode scientifique qui combine les résultats d’une série d’études indépendantes sur un problème donné, selon un protocole reproductible. A travers l’augmentation du nombre de cas étudiés, la méta-analyse permet d’analyser plus précisément des données et de dresser une conclusion générale.

Une méta-analyse de plus de 40 000 patients

L’objectif principal de cette méta-analyse consistait en l’observation de l’incidence de diabète de type 2 chez des patients supplémentés en vitamine D et comparés à un groupe placebo.

Pour cela, les études incluses dans cette méta-analyse ont été sélectionnées selon les critères suivants :

  • La supplémentation en vitamine D a été faite au minimum pendant un an.
  • Les doses de vitamine D utilisées ont été clairement indiquées.
  • La survenue du diabète a été identifiée de façon précise et les patients qui présentaient soit une tolérance normale au glucose soit un pré-diabète lors du recrutement ont été identifiés.

Par ailleurs, les études utilisant une dose d’au moins 1 000 unités internationales de vitamine D par jour ont été comparées à des études utilisant des doses plus faibles. Sur un total de 6 089 articles sur le sujet, ce sont finalement 9 études seulement qui ont été retenues.  Elles comptent en tout 43 559 patients dont 21 792 ont bénéficié d’une supplémentation en vitamine D et 21 767 ont reçu un placebo. La durée des études varie de 1 à 7 ans.

En première analyse, il en ressort que la supplémentation en vitamine D quelles que soient les populations et les doses n’a pas diminué l’incidence du diabète de type 2 comparé au groupe placebo. En revanche, une analyse secondaire prenant en compte la dose de vitamine D administrée a permis de mettre en évidence des résultats différents :

  • Réduction significative de l’incidence du diabète avec de fortes doses ou des doses modérées de vitamine D. Ces études avec fortes doses avaient inclus des cas de pré-diabète.
  • Aucune réduction du risque de diabète dans deux études testant des doses inférieures à 1 000 unités par jour de vitamine D. Ces études incluaient des patients à faible risque de diabète.
  • Les groupes de patients présentant un IMC inférieur à 30 affichaient un meilleur résultat, contrairement aux groupes avec IMC supérieur à 30.

Ces résultats donnent à penser que l’apport de « fortes » doses de vitamine D réduit le risque d’incidence du diabète. Le bénéfice est surtout observé dans le groupe de patients présentant un pré-diabète. En revanche, il semble qu’une supplémentation à faibles doses de vitamine D chez les patients ayant un IMC supérieur à 30 ne réduise pas ce risque.

À savoir ! Selon les définitions de l’ADA (American Diabetes Association), on parle de pré-diabète lorsque le patient présente une glycémie à jeun comprise entre 1 g/litre et 1,25 g/litre, une  glycémie 2 heures après 75 g de glucose comprise entre 1,4 g/litre et 1,99 g/litre et/ou une hémoglobine glyquée comprise entre 5,7 % et 6,4 %.

En conclusion, l’apport de vitamine D à des doses minimum de 1 000 unités par jour chez les sujets ayant un pré-diabète semble réduire le risque de survenue d’un diabète de type 2. Se pose alors la question de l’intérêt d’une supplémentation systématique en vitamine D chez tous les patients à risque de diabète. Cette question devra faire l’objet d’un consensus d’experts après examen des avantages et inconvénients d’une telle supplémentation.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

– La supplémentation en vitamine D pourrait avoir un effet sur l’incidence du diabète de type 2. JIM. Consulté le 22 juillet 2020.