Un sucre naturel pour protéger contre le syndrome métabolique ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 6 septembre 2018

En termes de santé, le sucre a bien mauvaise réputation : obésité, maladies cardiovasculaires, et problèmes dentaires sont autant de conséquences néfastes liées à sa consommation. Et si le sucre se rachetait une conduite ? C’est ce que suggère une récente étude selon laquelle un sucre naturel particulier pourrait se révéler bénéfique dans la protection contre les dommages liés au syndrome métabolique.

Une cuillère de sucre naturel

Le syndrome métabolique : enjeu de santé publique

Le syndrome métabolique, également appelé « syndrome X », n’est pas une maladie en soi. Il désigne plutôt un ensemble de signes physiologiques et biochimiques qui favorisent la survenue de diabète de type 2, de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux.

La Fédération Internationale du Diabète estime qu’une personne est atteinte du syndrome métabolique lorsqu’elle présente une obésité abdominale (c’est-à-dire un tour de taille supérieur à 94 cm chez les hommes et 80 cm chez les femmes) accompagnée d’au moins deux des facteurs suivants :

  • Un taux élevé de triglycérides sanguins ;
  • Un taux faible de cholestérol HDL ;
  • Une hypertension artérielle et/ou un taux élevé de glycémie veineuse.

D’après l’étude internationale Monica coordonnée par l’Organisation Mondiale de la Santé, la prévalence du syndrome métabolique en France s’élève à 22,5% chez les hommes et 18,5% chez les femmes. Aux Etats-Unis, la prévalence du syndrome métabolique est en constante augmentation touchant 34,2% des adultes entre 2007 et 2012.

Lutter contre les méfaits du syndrome métabolique constitue ainsi aujourd’hui un enjeu de santé publique de taille et un véritable challenge. Dans ce contexte, une équipe de scientifiques américains a étudié les propriétés d’un sucre naturel qui pourrait avoir des effets protecteurs bénéfiques.

Le tréhalose : un sucre naturel prometteur ?

Les chercheurs de l’University School of Medicine de Washington ont étudié les propriétés d’un sucre naturel appelé tréhalose. Leurs dernières découvertes ont été publiées dans le journal JCI Insight.

À savoir ! Le tréhalose désigne un sucre naturel synthétisé par des bactéries, des champignons, des plantes ou des animaux. Il est régulièrement employé dans l’industrie alimentaire et cosmétique.

Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont nourri des souris au tréhalose et ont observé que ce sucre naturel produisait certains changements intéressants parmi lesquels la privation du foie en glucose, ayant pour conséquence l’activation d’un gène appelé ALOXE3 avec :

  • Augmentation de la sensibilité à l’insuline
  • Combustion des calories
  • Réduction de l’accumulation des graisses et de la prise de poids.

Les scientifiques ont également pu noter que les taux de graisses et de cholestérol sanguins avaient chuté chez les souris nourries au tréhalose.

L’ensemble de ces effets sont similaires à ceux que l’on observe pendant une période de jeûne. En effet, chez les souris, jeûner déclenche également l’activation du gène ALOXE3 dans le foie. Le tréhalose semble ainsi mimer les effets bénéfiques du jeûne sans besoin de régime restrictif.

« Nous avons observé que le gène ALOXE3 augmente la sensibilité à l’insuline de la même façon que les médicaments classiques contre le diabète. Et nous avons également montré que l’activation de ALOXE3 dans le foie est déclenchée à la fois par le tréhalose et par le jeûne, très certainement pour la même raison : la privation du foie en glucose. Nos données suggèrent que le jeûne, ou le fait de donner du tréhalose dans le cadre d’un régime alimentaire normal, entraîne le foie à changer sa façon de métaboliser les nutriments d’une façon bénéfique », déclare l’un des auteurs de l’étude.

Ces résultats laissent entrevoir l’espoir de pouvoir bénéficier un jour des bienfaits du jeûne sans avoir à réduire sa consommation alimentaire. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir.  Le tréhalose est en effet composé de 2 molécules de glucose ; s’il était administré par voie orale, son cheminement à travers le tractus gastro-intestinal risquerait de « casser » cette molécule en deux molécules de glucose, ce qui serait contraire à l’effet recherché.

Pour contrer cette embûche, les chercheurs se sont orientés vers un autre sucre de la même famille appelé lactotréhalose et ont découvert qu’il déclenchait lui aussi l’activité du gène ALOXE3 tout en étant résistant aux enzymes digestives.

À savoir ! Le lactotréhalose inhibe l’enzyme qui casse le tréhalose et peut voyager à travers l’intestin sans être cassé. Parce qu’il atteint les intestins indemnes, il peut agir comme un prébiotique en encourageant le développement des bactéries intestinales.

Bien que cette étude récente ait été menée sur des souris, l’équipe de scientifiques est curieuse de savoir si ce type de sucres pourrait éventuellement aider à réduire certains dommages causés par le syndrome métabolique chez l’homme. Les chercheurs insistent néanmoins sur le fait que ces découvertes ne sont qu’un travail préliminaire à d’autres recherches sur le sujet. Il reste encore beaucoup de travail avant de pouvoir affirmer de façon sûre que ce sucre pourra avoir des bénéfices chez l’homme. Affaire à suivre !

Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Could a natural sugar protect against diabetes ? Medical News Today. Le 28 Août 2018.