Reprogrammer les adipocytes pour combattre le diabète

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 17 février 2016

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L’Ecole de médecine de Pennsylvanie a mis en évidence une voie métabolique essentielle dans la programmation des cellules graisseuses, ou adipocytes. Les chercheurs parlent de « brunir » les adipocytes blancs pour baisser les niveaux de sucres et de graisse dans le sang. Santé sur le Net décrypte la découverte.

Adipocytes bruns et adipocytes blancs

Les cellules graisseuses tapissent les muscles et les organes en plus ou moins grande quantité. Dans les premières années de la vie, les tissus graisseux superficiels sont majoritairement de couleur bruns et se localisent préférentiellement en haut du dos et des épaules. La raison à cela est simple : les adipocytes bruns ont la faculté de consommer de grandes quantités du sucre et des graisses pour transformer l’énergie en chaleur. Des recherches ont d’ailleurs montré que les expositions répétées au froid induisent la production de cellules graisseuses beiges (en train de « brunir ») chez l’adulte.

Les adipocytes renferment de grandes quantités de mitochondries. La mitochondrie et l’organite cellulaire responsable, entre autres, de la production d’énergie. Cet organite est riche en fer, raison pour laquelle la cellule est brune.

En vieillissant, les graisses se relocalisent au niveau de l’abdomen pour les hommes, et au niveau des hanches et du fessier chez les femmes. Cette relocalisation s’accompagne d’un blanchissement progressif des cellules graisseuses. Les adipocytes perdent leur grande quantité de mitochondries – et leur fonction de brûleur thermique – pour devenir les cellules de stockage de la graisse. Chez l’adulte, la persistance de graisses brunes (ou beiges) peut être associée à un faible poids corporel.

« Brunir » les adipocytes pour perdre du poids ?

Chez la souris, le blocage de la voie de signalisation cellulaire mTOR par la rapamycine rend les animaux intolérants au froid, incapables de maintenir leur température corporelle et leur poids. La rapamycine est une molécule déjà utilisée comme immunosuppresseur dans la transplantation d’organes. Elle est également connue pour entraîner des résistances à l’insuline.

L’équipe a approfondi ces recherches pour mettre en valeur le rôle du complexe mTORC1. Le blocage de ce complexe protéique par la rapamycine entraînerait l’impossibilité d’induire la production d’adipocytes bruns. Il est alors facile d’imaginer que l’activation du complexe mTORC1 conduirait à « brunir » les adipocytes blancs. La prochaine étape consistera à identifier les signaux en amont de mTOR qui causent les effets métaboliques.

Selon Joseph Baur, professeur à l’Ecole de médecine Perelman, la première application de ces recherches sera la création de solutions thérapeutiques capables d’augmenter le métabolisme des patients obèses. Cassie Tran, chercheuse au sein du même laboratoire, assure que la découverte d’une telle voie de signalisation permettra aussi des applications dans le contrôle des excès de sucres sanguins chez le diabétique.

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Hadrien V. Pharmacien


Source
Cassie Tran & al. « ‘Beiging’ White Fat Cells to Fight Diabetes ». Pennsylvania School of Medicine. 16/02/16