Que connaît-on exactement sur le développement et l’évolution du diabète de type 2, une maladie chronique qui touche en France plusieurs millions de personnes ? Lors du dernier congrès de la Société Francophone de Diabète, un professeur canadien a fait le point sur cette question.
Une nouvelle vision du diabète de type 2
Le diabète de type 2 est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes en France. Au fil des années et des essais cliniques, les scientifiques pensent avoir compris l’évolution naturelle de cette maladie, directement associée à :
- La surcharge pondérale et au surpoids ;
- L’insulinorésistance.
Pourtant, en se penchant sur les données de récents essais cliniques, la vision actuelle du diabète de type 2 pourrait être à reconsidérer en profondeur, notamment en remettant en question plusieurs dogmes. Actuellement, les chercheurs semblent unanimes sur les facteurs de risque de diabète :
- La sédentarité ;
- Des apports caloriques trop élevés ;
- Une prédisposition génétique.
Une surproduction d’insuline liée à l’alimentation
Selon le professeur canadien, l’histoire naturelle du diabète de type 2 pourrait être analysée d’une toute autre manière. Selon lui, la prédisposition génétique chez un sujet en surpoids ou obèse pourrait être à l’origine d’une surproduction d’insuline (hyperinsulinémie) provoquant successivement :
- Un épuisement des cellules pancréatiques ;
- Une intolérance au glucose ;
- Des troubles lipidiques ;
- Une inflammation chronique ;
- Du diabète de type 2 mais aussi des maladies cardiovasculaires ou des atteintes hépatiques.
La surproduction d’insuline serait alors le point de départ de la maladie, mais ne serait pas pour autant un mécanisme pathologique. Elle correspondrait à une réaction de défense de l’organisme face à un apport excessif en nutriments.
Le nutri-stress comme cause majeure du diabète de type 2
Pour arriver à une telle conclusion, le spécialiste du diabète a détaillé aux experts francophones les limites des trois dogmes actuels du diabète de type 2 :
- L’insulinorésistance, qui serait en fait le marqueur d’une dégradation de l’état métabolique et non un mécanisme pathologique ;
- L’hyperglycémie ne serait pas systématiquement délétère, mais protectrice à condition de rester limitée ;
- Le dysfonctionnement des cellules béta du pancréas serait une conséquence de la maladie et non une cause.
Ainsi, selon l’approche du professeur canadien, le diabète de type 2 serait en grande partie lié à un stress de l’organisme induit par une mauvaise alimentation sur le long terme, un « nutri-stress ». Des phénomènes perçus aujourd’hui comme des mécanismes pathologiques pourraient en réalité n’être que des conséquences de ce stress. Une autre vision du diabète de type 2, qui pourrait profondément modifier la prévention et la prise en charge de cette maladie.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Intervention de Mr Marc Prentki. Congrès de la Société Francophone de Diabète. 2020. Bruxelles. Consulté le 23 septembre 2020.