En France, environ 80 000 hystérectomies ou ablations de l’utérus sont réalisées chaque année. Cette intervention a-t-elle un impact sur le risque de diabète de type 2 ? Une récente étude semble le suggérer, en particulier pour les femmes ayant été opérées avant l’âge de 45 ans. Résultats entre l’hystérectomie et diabète de type 2.
Hystérectomie et diabète de type 2
L’hystérectomie correspond à une ablation de l’utérus, une intervention chirurgicale indiquée dans différents contextes cliniques :
- Les fibromes utérins, des masses bénignes qui se développent au niveau de la paroi utérine ;
- Des ménométrorragies, des troubles menstruels en lien avec l’arrivée de la ménopause ou la présence de fibromes ;
- Des formes sévères d’endométriose ;
- Un prolapsus utérin, lié à une descente de l’utérus dans le vagin suite au relâchement des muscles et ligaments pelviens ;
- Les cancers de l’utérus ou des ovaires.
Si cette intervention a des conséquences importantes sur la vie des femmes, peut-elle impacter le risque de développer un diabète de type 2 ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre des chercheurs français.
L’hystérectomie augmente de 27 % le risque de diabète de type 2
D’une manière générale, l’hystérectomie est pratiquée le plus souvent entre 40 et 50 ans. Des études antérieures ont mis en évidence que cette intervention gynécologique pouvait être associée avec une augmentation du risque d’hypertension artérielle et d’accidents cardiovasculaires, en particulier lorsque l’hystérectomie s’accompagne d’une ovariectomie (ablation des ovaires). Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont suivi sur une durée moyenne de 16 ans un total de 83 582 femmes françaises. Toutes ces femmes appartenaient à la cohorte E3N, qui a pour objectif d’étudier les facteurs de risque de cancers et d’autres maladies non transmissibles chez 100 000 femmes nées entre 1925 et 1950.
Les femmes incluses dans l’étude avaient un âge moyen de 51 ans et n’étaient pas diabétiques au début de l’étude. Tous les deux ans, ces femmes ont répondu à des questionnaires sur :
- Le mode de vie : activité physique, habitudes alimentaires, indice de masse corporelle (IMC), statut tabagique ;
- L’âge de la puberté ;
- Le statut par rapport à la ménopause ;
- L’utilisation d’une contraception orale ;
- L’existence d’un diagnostic de diabète de type 2.
Un risque très augmenté en cas d’ovariectomie ou d’hystérectomie avant 45 ans
Au cours de la période de suivi, 17 141 femmes de l’étude ont subi une hystérectomie et 2 672 ont développé un diabète de type 2. En analysant les données, les chercheurs ont observé que les femmes ayant subi une hystérectomie avaient un risque majoré de 27 % de développer un diabète de type 2, par rapport aux femmes ayant toujours leur utérus. Cette majoration du risque a été calculé après ajustement des données sur d’autres paramètres, comme le niveau d’éducation, le statut tabagique ou les antécédents familiaux de diabète.
De plus, l’âge auquel intervient l’hystérectomie influence fortement le risque de diabète de type 2, puisque les femmes opérées avant l’âge de 45 ans, voient leur risque de diabète de type 2 augmenter de 52 % par rapport aux femmes non opérées. Le risque est encore plus majoré lorsque les deux ovaires sont retirés au moment de l’intervention (double ovariectomie). En revanche, cette élévation du risque de diabète de type 2 ne peut pas être expliqué par un IMC élevé (supérieur à 25), des habitudes alimentaires ou l’activité physique. De telles données révèlent que les femmes ayant subi une hystérectomie, en particulier celles opérées jeunes et ayant subi une ovariectomie en parallèle, sont particulièrement exposées au risque de diabète de type 2. Ces femmes doivent pouvoir bénéficier d’une surveillance rapprochée et d’un dépistage régulier du diabète, la question des mécanismes sous-jacents restant à éclaircir.
Estelle B., Docteur en Pharmacie