Depuis quelques années, le microbiote, ou flore bactérienne, fait l’objet d’une attention toute particulière pour ses effets sur la santé. Les études ont récemment montré qu’il se constitue dès la vie in utero, avec des conséquences possibles sur la santé de l’enfant à plus ou moins long terme. Une récente étude s’est penchée sur l’impact du diabète gestationnel sur le microbiote de la mère et de son nouveau-né.
Une flore bactérienne constituée dès la vie utérine
Longtemps, les scientifiques ont considéré le milieu utérin comme stérile dans les conditions normales (en l’absence d’infections). Des études récentes ont montré qu’une flore bactérienne, ou microbiote, se constituait au niveau placentaire, grâce aux échanges entre la mère et le fœtus.
Depuis quelques années, le microbiote, c’est-à-dire l’ensemble des bactéries qui vivent de manière commensale (sans entraîner d’infections dans les conditions normales) sur ou dans l’organisme, attire l’attention de nombreux scientifiques. Qu’il s’agisse de la flore intestinale, buccale, respiratoire, cutanée ou encore vaginale, ce microbiote jouerait des rôles essentiels dans le fonctionnement de l’organisme et influencerait fortement la santé.
Si les études scientifiques ont clairement montré que le fœtus possède un microbiote dès la vie utérine, la constitution de ce microbiote, en fonction de l’état de santé maternel et du déroulement de la grossesse, ainsi que l’impact de ce microbiote sur la santé du nourrisson et de l’enfant restent des domaines à explorer.
Diabète gestationnel et microbiote fœtal
Dans ce contexte, des chercheurs se sont intéressés à l’impact du diabète gestationnel sur la constitution du microbiote et sur la santé de l’enfant à naître. Les résultats de cette étude viennent d’être publiés dans la revue scientifique Gut.
Le diabète gestationnel, forme particulière de diabète qui touche spécifiquement la femme enceinte, est connu pour augmenter le risque de certaines affections :
- Chez la mère : hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires, pré-éclampsie ;
- Chez le nourrisson : macrosomie, syndrome de détresse respiratoire, diabète de type 2.
Mais quel est l’effet de cette pathologie de la grossesse sur la constitution du microbiote fœtal ?
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont mené une étude sur 346 femmes enceintes atteintes de diabète gestationnel et 140 nouveaux nés. Au total, 1 062 prélèvements pour analyses ont été effectués dans les sites suivants :
- Chez les nourrissons :
- La salive ;
- Les sécrétions pharyngées ;
- Le méconium ;
- Le liquide amniotique (principalement en cas de césarienne) ;
- Chez les femmes enceintes :
- La salive ;
- Les selles ;
- Les sécrétions vaginales.
Des altérations importantes chez la mère et l’enfant
Les résultats des analysés menées sur l’ensemble des prélèvements ont mis en évidence que le diabète gestationnel provoque une altération importante des microbiotes, à la fois de la mère et du nouveau-né. Les altérations de la flore s’avéraient étroitement corrélées avec les résultats des tests de tolérance au glucose par voie orale (HGPO), indicateurs de l’importance du diabète gestationnel.
Par ailleurs, les variations d’abondance des différents micro-organismes constitutifs du microbiote présentaient des évolutions similaires entre la mère et son nourrisson (en particulier dans le cas d’un accouchement par césarienne). Reste désormais à déterminer l’impact sur la santé à long terme de ces altérations du microbiote fœtal liées au diabète gestationnel.
Selon les auteurs de l’étude, de telles altérations pourraient avoir des conséquences plus ou moins importantes sur la santé de l’enfant. Ils insistent sur la nécessité de dépister précocement et de prendre en charge de manière adaptée le diabète gestationnel. Cette étude apporte de nouvelles preuves de l’importance considérable du microbiote pour la santé, et ce même avant la naissance !
Estelle B., Docteur en Pharmacie