Alors que vous êtes enceinte, le diagnostic tombe : vous êtes atteinte d’un diabète gestationnel. Tout s’enchaine très vite : l’apprentissage du contrôle de la glycémie, la réalisation de repas équilibrés voire même les injections d’insuline. Et pour cause, ces mesures de surveillance et de traitement sont indispensables pour prévenir les risques de complications.
Rappels sur le diabète gestationnel
L’OMS définit le diabète gestationnel comme « un trouble de la tolérance glucidique conduisant à une hyperglycémie de sévérité variable, débutant ou diagnostiqué pour la première fois pendant la grossesse ». Il est utile de préciser, que sous ce même terme de diabète gestationnel il existe en réalité deux populations différentes. D’une part, il y a les femmes pour lesquelles le diabète n’avait pas encore été détecté et que la grossesse a juste révélé. D’autre part, il y a celles qui vont souffrir de diabète uniquement pendant leur grossesse, avec un retour à la normale après l’accouchement.
Cette pathologie est causée par une intolérance aux glucides, responsable d’une hyperglycémie chronique (excès de sucre dans le sang). Les symptômes observés sont ceux du diabète, à savoir soif intense ou encore l’envie d’uriner fréquemment. Parfois, il n’y a aucun symptôme et dans ce cas la maladie passe inaperçue.
Exposition aux complications périnatales
Une étude française, publiée le 16 février dernier, démontre que le diabète gestationnel augmente le risque de complications périnatales pour la mère et l’enfant. L’objectif de cette étude, réalisée sur 796 346 accouchements en 2012, était d’évaluer les effets du diabète pendant la grossesse. Les données ont été recueillies à partir des bases d’informations du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information) et du SNIIRAM (Système national d’information inter-régimes de l’Assurance maladie). De plus, comme il l’a été défini plus haut, la définition du diabète gestationnel comprend 2 populations. Ce paramètre a été pris en compte dans l’étude, par l’exclusion des femmes dont le diabète se poursuivait quelques mois après l’accouchement, afin d’être certain de n’évaluer que le diabète dit « de grossesse ».
Parmi les 796 346 femmes inclues dans l’étude, 57 629 avaient un diabète gestationnel (soit un peu plus de 7%). Les résultats de l’étude révèlent que l’on compte chez les femmes avec un diabète gestationnel :
- 28% d’accouchements par césarienne (contre 20% chez les femmes sans diabète) ;
- 8% d’accouchements prématurés (versus 6% pour les femmes sans diabète) ;
- 2% de pré-éclampsie (contre 1% chez les femmes sans diabète).
A savoir ! La pré-éclampsie est une pathologie fréquente de la grossesse caractérisée par l’augmentation de la tension artérielle et l’apparition de protéine dans les urines. Dans 10% des cas, elle peut entraîner : une éclampsie (crises convulsives potentiellement mortelles), une hémorragie cérébrale, une insuffisance rénale, un décollement placentaire (entraînant une hémorragie) et un syndrome de HELLP (risque d’hémorragie).
Pour l’enfant à naître, le risque de malformations à la naissance serait 1,2 fois supérieur par rapport à celui d’une femme indemne de diabète lors de la grossesse. Ainsi, il a été constaté, chez l’enfant, en cas de grossesse diabétique :
- 15,4% de risque de macrosomie (contre 9,2% pour une grossesse sans diabète)
- 0,76% de malformation cardiaque (versus 0,62% sans diabète)
- 3,3% de détresse respiratoire (contre 2,7% dans les grossesses non diabétiques)
A savoir ! La macrosomie se définit par un poids de naissance supérieur à 4kg.
Enfin, il semblerait que la sévérité du diabète et la fréquence des complications soient corrélées. Ainsi, une femme avec un diabète gestationnel traité par de l’insuline a plus de risques de faire des complications qu’une femme diabétique n’ayant pas besoin de recourir à l’insulinothérapie (stabilisée par un régime alimentaire).
Importance du dépistage
Le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) recommande un dépistage du diabète chez les femmes présentant les facteurs de risque suivants :
- Surpoids ou obésité ;
- Age supérieur à 35 ans ;
- Antécédents de diabète (familiaux ou obstétricaux).
On constate également que la tendance actuelle est à l’augmentation du surpoids ou de l’obésité, ainsi qu’au recul de l’âge de la maternité. Ce qui laisse présager une augmentation du nombre de femmes concernées par la maladie dans les années à venir et donc l’importance du dépistage.
Ainsi, un dépistage suffisamment précoce suivi d’une prise en charge par un ajustement diététique ou une insulinothérapie permet de lutter efficacement contre les risques de complications mère–enfant.
A savoir ! Une application appelée myDiabby est disponible sur ordinateur ou téléphone dans le but d’accompagner les futures mamans dans la gestion de leur diabète gestationnel. Rdv ici pour la découvrir.
Charline D., Pharmacienne
Sources :
Le diabète gestationnel expose la mère et l’enfant à des complications périnatales. Le quotidien du médecin. Mis à jour le 17 février 2017
Cécile Billionnet and al. Gestational diabetes and adverse perinatal outcomes from 716.125 births in France in 2012. Diabetologia journal, 16 février 2017, DOI 10.1007/s00125-017-4206-6
Une étude AP-HP-Cnamts évalue les risques associés au diabète gestationnel dans une large cohorte nationale. Assistance Publique Hôpitaux de Paris (APHP), 16 février 2017
Le diabète gestationnel, Fédération Française des diabétiques, consulté le 23 février 2017