Repas de fêtes : Quand le diabète s’invite à table !

Les fêtes de fin d’année approchent et avec elles le risque de faire de nombreux excès alimentaires pouvant mettre à mal l’équilibre du diabète et la santé en général. Dès lors, comment profiter de cette période festive tout en faisant attention ? Que manger et boire sans sentiment de frustration ? On fait le point.

Comment profiter au mieux des repas de fête ?

Les repas de fêtes sont remplis de tentations qui risquent de déséquilibrer un diabète selon la façon dont elles sont préparées et consommées. D’où l’importance de connaître la composition des plats servis. Ces informations permettront de compenser les écarts éventuels. Un apéritif léger permettra ainsi de profiter pleinement d’un entremet gourmand en dessert !

Par ailleurs, il est important de toujours faire la part belle aux viandes maigres ainsi qu’aux fruits et légumes. Il conviendra d’accompagner le plat principal d’un féculent en surveillant les quantités. Très peu caloriques, les crustacés et fruits de mer seront également indiqués, mais sans mayonnaise bien sûr !

S’agissant des aliments « plaisir », ils ne sont pas à bannir, à condition de respecter certaines règles. Il sera donc possible de manger du chocolat mais en quantités raisonnables ! Il vaudra mieux le déguster en fin de repas à condition que ce lui-ci ait été riche en fibres et surtout pas trop gras !  Ceci permettra de limiter la hausse de la glycémie après le repas. Si la consommation de chocolat s’avère plus importante, il sera possible d’ajuster la dose d’insuline rapide (en ayant pris soin de demander au préalable conseil à son diabétologue).

À savoir ! Les produits « sans sucre » n’ayant aucun intérêt documenté dans le cadre d’un diabète et/ou d’un surpoids, il ne semble pas nécessaire de consommer des chocolats sans sucres « spécial diabétiques » dont le goût est souvent altéré.

S’agissant de l’alcool, il doit toujours être consommé avec modération, que la personne soit diabétique ou non. Au-delà de 20 grammes par jour pour la femme (ce qui correspond à 2 verres de vin) et de 30 grammes pour l’homme, l’alcool peut en effet devenir dangereux et provoquer des effets néfastes pour la santé. Les personnes diabétiques sont encore plus exposées à ces complications éventuelles et il faut savoir qu’une consommation excessive d’alcool risque de provoquer une hypoglycémie sévère. Pour l’éviter, il faudra penser à manger en consommant une boisson alcoolisée, et ce quel que soit le degré d’alcool. La nourriture a tendance à ralentir l’absorption de l’alcool par l’organisme, ce qui diminue les risques d’hypoglycémie.

À savoir ! 10 grammes d’alcool correspondent à un ballon de vin (10 cl), 6 cl de porto, 1 coupe de champagne (10 cl), ½ bière (25 cl), 3 cl de whisky ou 3 cl de pastis. Les boissons alcoolisées trop sucrées (vins liquoreux, vins cuits, alcools forts mélangés à des sodas ou à des jus de fruits, cocktails, certaines bières…) seront à éviter chez les personnes diabétiques, au profit de boissons à faible teneur en alcool comme le vin rouge ou le vin blanc sec

Comment adapter son traitement pendant les fêtes ?

Les fêtes sont synonymes de repas longs et copieux. Un apéritif qui dure, une longue pause entre les différents plats ou des discussions animées peuvent prolonger indéfiniment le repas.  Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’organisme et le diabète. Or, si le traitement antidiabétique n’est pas pris au bon moment, il y a un risque d’hypoglycémie.

À savoir ! La longueur du repas influant sur la hausse de la glycémie, la réelle glycémie postprandiale des repas de fête doit être évaluée environ 4 heures après le début du repas.

Dès lors, comment concilier ces horaires décalés avec son diabète ? En adaptant son traitement dans la mesure du possible au moyen de quelques règles simples :

• Avoir toujours sur soi son matériel de contrôle de la glycémie pour procéder à des vérifications autant de fois que nécessaire et faire face aux situations imprévues.
• Evaluer la composition du repas, notamment les aliments contenant des glucides et des graisses, pour adapter ses injections.
• Calculer la quantité de glucides ingérés pour ajuster la dose d’insuline.

À savoir ! Certains aliments retrouvés sur les tables de fêtes ne contiennent pas ou peu de glucides. C’est le cas du saumon fumé, des huîtres et du foie gras.

Pour les patients diabétiques traités par insuline, il faudra effectuer l’injection d’insuline rapide au moment de l’arrivée du plat et non à l’avance, le bolus inclura alors la quantité de glucides consommés à l’apéritif. Attention au grignotage (de pain notamment), en particulier si le temps d’attente entre chaque plat est long. En revanche, si le patient diabétique observe que sa glycémie se situe entre 0,90 et 1,20 g/l avant le repas, il pourra décaler l’injection d’insuline de préférence au milieu voire à la fin du repas si des féculents sont prévus plus tardivement, et en prévision du dessert qui constitue également une source de glucides.

À savoir ! Pour les personnes traitées par pompe à insuline, certaines pompes possèdent une fonction permettant de programmer la durée d’injection des bolus.

Quant aux personnes traitées par antidiabétiques oraux, elles pourront prendre leur médicament au moment du repas. Attention, certains médicaments comme les glinides ou les sulfamides peuvent provoquer des hypoglycémies.

À savoir ! Il est conseillé aux personnes diabétiques d’informer leur entourage au sujet de leur diabète. Au cours de la soirée de fête, elles pourraient en effet avoir besoin d’aide pour contrôler leur glycémie ou pour s’injecter de l’insuline.

Le lendemain du réveillon, si la personne diabétique souhaite profiter d’une grasse matinée et ainsi décaler la prise de son traitement, elle devra prendre conseil auprès de son médecin traitant ou de son diabétologue afin d’adapter au mieux son traitement.

Comment rééquilibrer son alimentation après les fêtes ?

La fin des fêtes et le retour à la vie quotidienne s’accompagnent souvent d’un fort sentiment de culpabilité chez les personnes diabétiques  et nombreuses sont les questions qu’elles se posent : vu les kilos supplémentaires sur la balance, un régime est-il nécessaire après les fêtes ? Comment retrouver ses habitudes alimentaires et l’équilibre glycémique ?

Dans ce contexte, quelques bonnes résolutions permettront de démarrer la nouvelle année de la meilleure façon :

• Reprendre son rythme alimentaire habituel à travers une alimentation variée, équilibrée et raisonnable en glucides, tout en surveillant régulièrement sa glycémie.
• Ne pas entamer de régime drastique mais limiter plutôt sa consommation d’aliments riches en graisses, consommés parfois en excès pendant les fêtes. Pour faciliter le transit intestinal, privilégier les aliments riches en fibres : les fruits et les légumes sous toutes les formes (crus, cuits, surgelés).
• Être attentif à ses sensations de faim et de rassasiement.
• Boire beaucoup pour drainer l’organisme. Eau, bouillons de légumes ou tisanes, tout est bon pour s’hydrater !
• Reprendre une activité physique adaptée. La marche à pied constitue un excellent moyen pour stabiliser sa glycémie et compenser les excès alimentaires.

Déborah L., Docteur en Pharmacie