Très vite après l’apparition de la COVID-19 dans le monde, le diabète s’est révélé un facteur de risque de développer des formes sévères de la maladie. Comment les patients diabétiques vivent-ils cette situation ? Quelles sont les conséquences de l’épidémie sur leur santé psychosociale ? Une récente étude danoise a tenté d’apporter des premiers éléments de réponse à ces questions.
Diabète et COVID-19
Les données épidémiologiques recueillies depuis le début de l’épidémie de COVID-19 mettent en évidence que les sujets diabétiques n’ont pas un risque augmenté de contracter le virus SARS-CoV-2. En revanche, ils ont un risque accru de développer des formes sévères de la maladie. Ainsi, le risque de mortalité est en moyenne multiplié par 2,85 par rapport au reste de la population.
Dans ce contexte, comment les patients atteints de diabète vivent-ils au quotidien cette épidémie ? Quelles sont leurs préoccupations ? Quelles peuvent être les conséquences sur leur santé psychologique et sociale ? Pour répondre à ces questions, des chercheurs danois ont mené une enquête transversale auprès de 1 396 adultes atteints :
- D’un diabète de type 1 pour 34,6 % des participants ;
- D’un diabète de type 2 pour 61,6 % des participants ;
- D’un autre type de diabète pour 3,8 % des participants.
Plusieurs préoccupations importantes chez les sujets diabétiques
L’enquête a été menée grâce à un questionnaire en ligne. Les réponses des participants ont mis en évidence plusieurs préoccupations fréquentes chez les sujets diabétiques en cette période d’épidémie :
- Le fait d’être affecté de manière grave par la COVID-19 en raison du diabète pour 56 % des participants ;
- Le fait d’appartenir à une catégorie de population considérée à risque pour 39 % des participants ;
- Le fait d’être dans l’incapacité de prendre en charge son diabète durant l’épidémie pour 28 % des participants ;
- L’accès restreint à certains médicaments contre le diabète ou à certains dispositifs médicaux indispensables au contrôle de la glycémie pour 17 % des participants.
La première des préoccupations, celle de développer une forme sévère de la maladie à cause du diabète, affectait plus les femmes que les hommes, mais aussi les personnes plus fragiles sur le plan psychologique. Par ailleurs, les sujets diabétiques de type 2 semblaient moins inquiets que les sujets diabétiques de type 1.
Un suivi psychologique nécessaire après l’épidémie
La crainte de ne pas pouvoir bénéficier d’une prise en charge complète du diabète pendant l’épidémie de COVID-19 était plus importante :
- Chez les femmes ;
- Chez les sujets présentant des complications du diabète.
Pour les participants préoccupés par la situation sanitaire, ils avaient tendance à adopter de nouvelles habitudes au quotidien :
- Vérifier plus régulièrement leur glycémie ;
- Faire plus attention à leurs traitements ;
- Pratiquer davantage d’activité physique.
Cette première étude sur les conséquences psychologiques de l’épidémie de COVID-19 chez les patients diabétiques révèle des préoccupations importantes chez cette population à risque. Un suivi à moyen et long terme sera certainement nécessaire pour détecter et prendre en charge l’ensemble des répercussions sur leur santé psychologique.
Estelle B., Docteur en Pharmacie