Et si des anti-diabétiques prévenaient la maladie de Parkinson ?

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Rédigé par Marine T. et publié le 15 novembre 2020

La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative caractérisée par la destruction de neurones spécifiques du cerveau. Depuis quelques années, des études mettent en lumière une corrélation entre la maladie de Parkinson et le diabète. Les chercheurs supposent que les antidiabétiques pourraient être une piste dans le traitement de la maladie de Parkinson.

infermière qui prend le taux de glycémie d'une personne agée

Maladie de Parkinson : akinésie, hypertonie, tremblements, mais pas seulement…

La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente en France. Elle se caractérise par la destruction des neurones à dopamine de la substance noire du cerveau. Il s’agit d’une maladie chronique dont les premiers symptômes n’apparaissent que lorsque 50 à 70% des neurones à dopamine sont détruits et que le cerveau n’est plus en mesure de compenser cette perte par le processus de plasticité.

À savoir ! La plasticité du cerveau correspond à la capacité des neurones à se transformer pour s’adapter à des modifications de leur environnement ou à des changements internes à l’organisme.

La maladie de Parkinson est à l’origine de symptômes moteurs :

  • L’akinésie, cela correspond à une lenteur dans la mise en œuvre et la coordination des mouvements.
  • L’hypertonie, une rigidité excessive des muscles. Elle peut toucher tous les muscles du corps, y compris le rachis.
  • Les tremblements

Mais aussi à l’origine de symptômes non moteurs résultant probablement des répercussions de la maladie sur des structures cérébrales non dopaminergiques comme par exemple :

  • Des problèmes de sommeil
  • Des troubles cognitifs
  • Des troubles de l’équilibre
  • La dépression.

Un lien complexe entre diabète et maladie de Parkinson

Différentes études se sont penchées sur un lien entre le diabète, ses traitements et la maladie de Parkinson.

En 2018, une équipe de chercheurs de l’Institut neurologique de Londres, a démontré que les patients atteints de diabète de type 2 ont un risque accru de développer la maladie de Parkinson au cours de leur vie : +32% comparativement aux autres patients.  Ces chercheurs indiquent également que les patients ayant développé des complications liées au diabète (lésions des reins, de la rétine ou des nerfs) ont un risque 49% plus élevé. . Mais ils soulignent cependant que tous les patients diabétiques ne développeront pas la maladie de Parkinson.

Toutefois cette étude n’a pas permis d’établir un lien direct entre le diabète et la maladie de Parkinson. Deux hypothèses ont alors été retenues :

  • L’existence d’une prédisposition génétique partagée pour développer les deux pathologies.
  • L’existence d’une voie de signalisation commune, qui pourrait impliquer la production d’insuline et les problèmes de contrôle du glucose, caractérisant le diabète. En effet, si l’insuline contrôle mal l’utilisation du glucose pour les cellules cérébrales, celles-ci, dépendant presque exclusivement du glucose comme source d’énergie, seront affectées de manière sélective.

Un risque de maladie de Parkinson modulé par certains traitements anti-diabétiques

Dans une récente étude anglaise, une équipe de chercheurs suggère que le risque de maladie de Parkinson pourrait être atténué chez les patients diabétiques, en fonction du traitement prescrit pour traiter leur diabète. Le risque de maladie de Parkinson a été comparé chez les patients traités par différentes molécules :

  • Thiazolidinediones (ou glitazones, retirées du marché en France)
  • Analogues du GLP-1, Glucagon-like peptide (ou incrétino-mimétiques, comme l’exenatide ou la liraglutide)
  • Inhibiteurs de la DPP4, Dipeptidyl peptidase 4 (comme la sitagliptine, ou la saxagliptine…)
  • Insulines et autres hypoglycémiants oraux ,

Les résultats obtenus démontrent que l’incidence de la maladie de Parkinson chez les patients atteints de diabète varie fortement en fonction du traitement utilisé pour le diabète.

En effet, l’utilisation d’inhibiteurs de la DPP4 et / ou d’analogues du GLP-1 est associée à un taux inférieur de maladie de Parkinson par rapport à l’utilisation d’autres médicaments antidiabétiques oraux.

Ces résultats suggèrent que les antidiabétiques déjà présents sur le marché pourraient être utilisés afin de contrer la maladie de Parkinson. Des études sont notamment en cours avec l’exenatide (analogue du GLP-1), dont les résultats sont attendus en 2023.

Marine T., Chargée d’information médicale et scientifique

Sources
– Parkinson . INSERM. Consulté le 10 novembre 2020.
– Diabetes medications and risk of Parkinson’s disease: a cohort study of patients with diabetes. OXFORD ACADEMIC. Consulté le 10 novembre 2020.
– Diabetes Linked to Risk for Parkinson’s Disease. San Gorgonio. Memorial hospital. Consulté le 10 novembre 2020.