Ces dernières années, l’engouement pour les médecines alternatives et complémentaires n’a cessé de croître. Nombreuses sont en effet les personnes qui souhaitent se soigner autrement qu’au moyen de la médecine conventionnelle. Parmi elles, un grand nombre de patients diabétiques dont beaucoup n’en parlent pas à leur médecin traitant alors que le recours à ces approches thérapeutiques peut affecter la prise en charge du diabète.
Qu’appelle-t-on médecines complémentaires et alternatives ?
Selon l’OMS, les « médecines complémentaires » et les « médecines alternatives » désignent un ensemble de pratiques de santé variées ne faisant partie ni de la tradition ni de la médecine conventionnelle du pays. Ce faisant, elles ne sont pas pleinement intégrées à son système de santé prédominant.
À savoir ! En France, le Conseil national de l’Ordre des médecins a volontairement choisi d’employer le terme « médecines alternatives et complémentaires », qui reprend l’appellation utilisée en Europe ainsi que dans les pays anglo-saxons (complementary and alternative medicine).
L’OMS, l’Inserm ainsi que le National Center for Complementary and Integrative Health classent les médecines alternatives et complémentaires (MAC) en 4 catégories distinctes :
- Les thérapies biologiques : à base de produits naturels issus de plantes, de minéraux ou d’animaux (phytothérapie, aromathérapie…).
- Les thérapies manuelles : axées sur la manipulation (ostéopathie, chiropraxie…).
- Les approches corps-esprit (hypnose médicale, méditation, sophrologie…).
- Les systèmes complets basés sur leurs propres fondements théoriques et pratiques (acupuncture, homéopathie…).
À savoir ! A ce jour, seules 4 médecines alternatives et complémentaires sont officiellement reconnues : l’homéopathie, l’acupuncture, la mésothérapie et la médecine manuelle ostéopathie.
Ces dernières années, l’engouement pour les MAC n’a cessé de croître. Nombreux sont en effet les patients qui souhaitent se soigner autrement qu’au moyen de la médecine conventionnelle. On estime ainsi que 40% des Français auraient recours aux MAC. Et ce taux augmente chez les personnes atteintes d’une maladie grave ou chronique, comme les patients diabétiques.
Diabète et médecines alternatives
Dans ce contexte, une récente étude britannique s’est intéressée à la prévalence mondiale et aux types d’utilisation des médecines complémentaires et alternatives chez les adultes diabétiques.
Pour mener à bien leurs travaux, des chercheurs de l’Université de Birmingham ont mis sur pied une revue systématique et une méta-analyse incluant 38 articles publiés entre 2009 et 2019 sur le recours à une MAC par des adultes diabétiques.
Après analyse des données, ils ont pu observer les résultats suivants :
- Prévalence de l’utilisation d’une MAC chez les personnes diabétiques : 51 %.
- Prévalence du recours à une MAC en tant que traitement supplémentaire au médicament prescrit : 78 %.
- Prévalence du recours à une MAC en tant qu’alternative au médicament prescrit : 21 %.
- Types de MAC les plus couramment signalés : plantes médicinales, acupuncture, homéopathie et guérison spirituelle.
Une grande variation de la prévalence de l’utilisation des MAC par les patients diabétiques a ainsi été identifiée. A noter que cette étude présentait plusieurs limites : variation des méthodes de recueil des données, variation de la nature des paramètres entre les études et inclusion des publications en langue anglaise uniquement.
Cette étude a par ailleurs permis de mettre à jour que les deux tiers des personnes diabétiques ayant recours à une MAC n’en ont pas fait part à leur médecin traitant. Or, le recours à ces pratiques peut affecter la prise en charge du diabète.
De l’importance d’en parler à son médecin traitant
Le recours à une MAC risque d’affecter la prise en charge du diabète à travers deux types d’interactions :
- Interaction directe entre les molécules médicamenteuses et les compléments utilisés.
- Interaction indirecte sur l’observance médicamenteuse du patient.
Les auteurs de cette étude recommandent donc vivement aux professionnels de santé de demander à leurs patients s’ils ont ou non recours à une MAC. Le cas échéant, l’objectif sera de vérifier la présence d’interactions, de s’assurer de l’optimisation du traitement ainsi que de l’observance médicamenteuse.
Les auteurs précisent qu’à terme, il serait judicieux que les revues diabétiques et les directives cliniques intègrent systématiquement l’exploration de l’utilisation des MAC par les patients diabétiques. Trop nombreux sont encore les patients à ne pas divulguer spontanément cette information à leurs professionnels de la santé !
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Global prevalence and types of complementary and alternative medicines use amongst adults with diabetes: systematic review and meta-analysis. pubmed. Consulté le 24 mars 2021.
– Quelle place pour les médecines complémentaires ? conseil-national.medecin.fr. Consulté le 24 mars 2021.