Omniprésent dans notre alimentation moderne, le sodium est un élément bien familier de nos palais. Et si sa consommation était liée à un risque accru pour l’adulte de développer un diabète ? C’est ce que révèle une nouvelle étude présentée cette année au congrès annuel de l’Association Européenne pour l’étude du diabète (EASD), à Lisbonne.
Sodium et diabètes
Largement utilisé par l’industrie alimentaire comme exhausteur de goût ou conservateur, le sodium se retrouve en majorité dans les aliments préparés et préemballés : fromages, charcuteries, pizzas, sauces et soupes ainsi que les aliments séchés ou fumés.
Mais c’est bien le sel de table qui représente la principale source de sodium alimentaire. Le sel (chlorure de sodium) contient en effet 40% de sodium, ce qui signifie que chaque portion de 2,5 grammes de sel consommée, contient 1 gramme de sodium.
À savoir ! Le sodium est un minéral essentiel à l’hydratation de l’organisme. Présent dans le sang et dans le liquide extracellulaire, il aide également à maintenir l’équilibre acido-basique et joue un rôle majeur dans la transmission des influx nerveux et la contraction musculaire.
Des études antérieures ont déjà suggéré qu’une consommation excessive de sel pouvait augmenter le risque de développer un diabète de type 2, notamment à travers une influence directe sur la résistance à l’insuline, et/ou en générant une pression sanguine élevée ainsi qu’une prise de poids.
L’objectif de cette nouvelle étude, menée par le Dr Rasouli, était de découvrir s’il existait un lien entre la consommation de sodium et le risque de développer un diabète de type 2 ou un diabète de type LADA.
À savoir ! Le diabète LADA (pour Latent Auto-immune Diabetes in Adults) est une forme de diabète de type 1 dans laquelle les cellules pancréatiques chargées de produire de l’insuline sont détruites par le propre système immunitaire de l’organisme. Diagnostiqué à l’âge adulte, souvent entre 30 et 40 ans, ce diabète est une maladie auto-immune comme le diabète de type 1, mais à évolution beaucoup plus lente vers l’insulinodépendance. Aux premiers stades de la maladie, les patients atteints de diabète LADA sont souvent diagnostiqués à tort comme ayant un diabète de type 2. La présence d’anticorps anti-GAD (anti-glutamate décarboxylase) permet de poser le diagnostic de diabète LADA et de le différencier du diabète de type 2.
Chaque gramme de sodium supplémentaire augmente le risque de diabète
L’équipe de chercheurs s’est appuyée sur les données d’une étude des facteurs de risque de diabète de type 2 et LADA au sein de la population suédoise. Les chercheurs ont comparé les 355 cas de LADA et les 1136 cas de diabète de type 2 par rapport à un groupe de 1379 personnes jouant le rôle de témoins.
La consommation de sodium a été évaluée à l’aide d’un questionnaire alimentaire. Les résultats ont été utilisés pour calculer la consommation de calories, de nutriments et de sodium.
L’influence de la génétique sur le risque de survenue de diabète a également été prise en compte à travers une division des patients en deux groupes suivant leur génotype HLA (Human Leukocyte Antigen) : ceux « à haut risque » et « autres patients ».
À savoir ! Les antigènes des leucocytes humains (de l’anglais HLA pour human leukocyte antigen) sont des molécules situées à la surface des cellules et qui permettent l’identification par le système immunitaire. Les patients ayant un génotype HLA de haut risque sont des personnes qui portent déjà un risque génétique significatif de diabète.
Des ajustements ont également été apportés pour justifier les différences dans les facteurs de risque, incluant l’âge, le sexe, l’IMC, le tabac, l’activité physique, l’historique familial de diabète, l’alcool, l’énergie globale et la consommation de potassium.
Les participants de l’étude ont été répartis en 3 groupes selon leur consommation quotidienne de sodium :
Faibles consommateurs :
- Faibles consommateurs : moins de 2,4 g / jour
- Moyens consommateurs : 2,4 à 3,15 g / jour
- Grands consommateurs : plus de 3,15 g / jour
Si l’on se réfère à la véritable consommation de sel alimentaire, les ratios sont les suivants :
- Faibles consommateurs : moins de 6 g de sel / jour
- Moyens consommateurs : entre 6 et 7,9 g de sel / jour
- Grands consommateurs : plus de 7,9 g de sel / jour
L’étude a permis d’observer que la consommation de sodium était associée à une augmentation moyenne de 43% du risque de développer un diabète de type 2 pour chaque gramme de sodium supplémentaire (équivalent à 2,5 g de sel supplémentaire) consommé par jour.
Les résultats ont révélé que le groupe de grands consommateurs de sodium présentait 58% de risque en plus de développer un diabète de type 2 que le groupe de faibles consommateurs.
L’effet de la consommation de sodium sur le risque de développer un diabète de type LADA était également supérieur, avec une augmentation de 73% pour chaque gramme de sodium consommé par jour.
Ces patients LADA avec un génotype HLA de haut risque et dont la consommation de sodium a été classée comme « forte « (plus de 3,15 g/ jour) étaient quant à eux presque 4 fois plus susceptibles de développer la maladie que ceux consommant moins de sodium (moins de 2,4 g/jour).
Ils suggèrent que «ces résultats pourraient avoir des implications importantes dans la prévention de la survenue du diabète chez les adultes »
et soulignent qu’il serait d’ailleurs intéressant de mener une nouvelle étude évaluant l’impact d’une consommation réduite en sel dans la prévention du diabète de type 2 et de type LADA.
La solution est peut-être dans notre assiette !
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Association pour la recherche sur le diabète. Site internet ARD. – Consulté le 24 septembre 2017.
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